A quelques semaines du début de Roland Garros, Guy Forget, ancien coach de l’Equipe de France de Coupe Davis est revenu sur les chances françaises et a donné son avis sur les joueurs à surveiller pour cette édition 2018.
Jo-Wilfried Tsonga est forfait, les résultats des autres joueurs français n’ont pas été probants pendant la préparation. Gardez-vous un petit espoir ?
« Lors des 25 dernières années, tous ceux qui ont gagné Roland-Garros ont, en général, très bien joué lors de la pré-saison sur terre battue. Quand Yannick Noah l’a remporté en 1983, il était l’un des meilleurs joueurs sur cette surface avec Ivan Lendl et Mats Wilander. Aujourd’hui, quand on regarde les derniers résultats, on ne peut pas dire que tel ou tel joueur français fait partie des tout meilleurs. Pour la plupart, ils ont un peu dégringolé au classement, que ce soit Gaël (Monfils), Richard (Gasquet) et Gilles (Simon). Seul Lucas Pouille est proche de son meilleur classement. Il peut toujours y avoir une surprise mais aujourd’hui, messieurs et dames confondus, Caroline Garcia a le plus de chances d’aller en finale. Son classement (7e mondiale) le justifie et montre qu’elle a été constante. »
Le peu de relève derrière Pouille vous inquiète-t-il ?
« Ces quatre-là (Tsonga, Monfils, Gasquet, Simon) ont tous été tellement bien classés, ensemble, depuis dix ans, que forcément quand on les voit descendre en ce moment à cause de leurs blessures… Derrière, il n’y en a pas d’autre pour l’instant qui peut reprendre le flambeau à part Lucas Pouille. Mais, sans vouloir lui mettre de pression, Corentin Moutet (bénéficiaire d’une wild-card) a les moyens de devenir 50e mondial assez tôt. Quentin Halys (présent lors des les qualifications) doit pouvoir monter dans les 100, les 50. Calvin Hemery (wild-card) a le potentiel pour entrer dans les 100. Ces joueurs ont du potentiel. »
La nouvelle vague au niveau mondial peut-elle détrôner les meilleurs ?
« Une mutation est en train de se produire. On a commencé à en parler l’an dernier mais on n’y a pas assisté. Avec la finale à Madrid entre Alexander Zverev et Dominic Thiem (remportée par Zverev) on commence vraiment à la percevoir. Roger Federer n’est pas là et Andy Murray non plus, Stan Wawrinka met du temps à revenir, Novak Djokovic n’a pas retrouvé son niveau. Donc, à part Rafael Nadal, ce sont eux qui peuvent crever l’écran. Thiem, après avoir pris une leçon à Monte-Carlo contre Nadal (6-0, 6-2), a réussi à le battre à Madrid (7-5, 6-3). En deux sets gagnants, il peut le faire. La question est de savoir s’il en est capable au meilleur des cinq sets. C’est l’inconnue aujourd’hui. Zverev pour l’instant est meilleur en deux sets gagnants aussi. »
Roland-Garros restera aussi le plus petit des tournois majeurs. Est-ce viable ?
« Rester à Paris ou aller en banlieue pour bénéficier d’installations bien plus vastes, c’était un sujet clivant. On aurait eu aussi des problèmes à Versailles, le plus séduisant des trois sites candidats en banlieue, pour des raisons juridiques. Il y avait beaucoup d’inconnues… Il n’y avait pas plus de garanties en raison de très probables recours administratifs. Sachant cela, c’était difficile de partir. Ce site (à Paris) présente des avantages et des inconvénients. Mais aujourd’hui quand vous arrivez à Roland Garros, vous ressentez le poids de l’histoire. C’est extraordinaire. »
Propos recueillis par Ludovic LUPPINO