Passé par Montpellier, le PSG ou le THW Kiel, Thierry Omeyer a été élu en 2010 meilleur gardien de tous les temps. Et pour cause ; l’ancien handballeur de 44 ans est aujourd’hui encore le sportif français, tous sports collectifs confondus, le plus titré. Pour vous donner un aperçu de son incroyable palmarès, Thierry Omeyer compte (entre autres) 2 médailles d’or olympiques, 5 de champion du Monde, 3 titres Européens,15 titres nationaux… Mais alors, quel a été le secret du meilleur gardien de handball français pour toujours viser plus haut ? Il répond à travers son livre « Chaque but est une défaite ». Entretien exclusif.
Vous avez mis fin à votre carrière en 2019 et êtes désormais coordinateur sportif du PSG Handball. Vous épanouissez-vous dans ce nouveau rôle ?
« Quand je suis arrivé sur la fin de ma carrière j’ai réfléchi aux possibilités de reconversion. J’ai passé mon diplôme d’entraîneur et de coordinateur général. Le choix s’est fait assez naturellement puisque j’avais envie de m’éloigner du terrain afin de voir tout ce qui se passe dans l’ombre d’un club. Aujourd’hui je travaille avec Bruno Martini sur la gestion sportive. J’ai un rôle à jouer sur le recrutement, la répartition du budget, mais aussi d’interface avec les joueurs. Lorsqu’on est jeune, on a beaucoup de mal à se projeter sur l’après-carrière. Mais désormais je peux dire que je suis très heureux à ce poste. Je suis aussi consultant sur BeIn Sport pour les matchs de l’équipe de France, j’ai un bar, des projets avec les jeunes afin de leur proposer des stages. J’ai besoin de me diversifier. »
Le handball à proprement parler ne vous manque-t-il pas ?
« Pas du tout. Tout d’abord, je suis toujours impliqué dans mon sport par mon rôle au PSG ou par mon poste de consultant, donc je continue d’apprécier le handball. En revanche, je n’ai pas de manque concernant ma présence sur le terrain. Je n’avais plus envie de jouer. J’ai eu une très belle carrière et ma retraite à 42 ans était quelque chose de réfléchi. Je pense que j’aurais encore été physiquement capable de jouer 2/3 ans mais j’avais envie de m’arrêter. On ne m’a pas poussé vers la sortie parce que je n’étais plus performant, c’était un choix personnel, donc plus facile à digérer. »
Dans une interview accordée au Parisien vous dites que « vous vous sentez libéré ». Pourquoi ?
« Quand tu es joueur professionnel ta vie entière tourne autours des matchs. À 42 ans, j’arrivais à un stade où je n’avais plus envie de me poser de questions. Plus envie de me demander à chaque moment passé en dehors des entraînements si je ne ferais pas mieux de me reposer ou de regarder des vidéos pour préparer les prochains matchs. J’avais envie de découvrir de nouvelles choses et d’avoir moins d’exigences au quotidien. »
Gardien n’est pas un rôle facile, il est souvent pointé du doigt dans les défaites. Faut-il que ce soit une vocation ?
« Personnellement être gardien m’a énormément apporté. C’est comme si j’avais été choisi pour jouer à ce poste. J’ai aimé avoir cette responsabilité dans l’équipe. C’est prendre le risque d’avoir des retours positifs quand on gagne et d’être pointé du doigt dans les défaites. Mais c’est cette pression qui m’a aidé à m’améliorer, qui m’a fait grandir. »
Votre livre s’intitule « chaque but est une défaite ». Est-ce vraiment comme ça que vous viviez chaque but encaissé ?
« Le titre de mon livre reflète à 100% mon état d’esprit. À chaque fois que j’en encaissais, j’avais de la frustration voire même de la souffrance. Au handball, prendre des buts fait partie du jeu, on ne pourra jamais terminer avec 0 but au compteur. Mais je suis quelqu’un qui recherche sans arrêt la perfection et c’est ce qui m’a fait avancer. »
Refuser la défaite est-il un atout ?
« J’ai toujours eu l’esprit de compétition depuis jeune et très vite j’avais cette envie de gagner. J’avais certainement la haine de la défaite et c’est ce qui m’a fait revenir dans des matchs. »
Vous avez un palmarès hors du commun. Quel est votre secret ?
« J’ai toujours réussi à me remettre en questions même après avoir remporté des grosses compétitions. Je ne voulais pas seulement prouver que j’étais capable de gagner des titres. Je voulais montrer qu’on était capable de répéter la performance. Gagner une fois c’est bien, mais ça peut-être réalisé par tout le monde. Renouveler la performance, enchainer les titres et les grands matchs c’est plus difficile. C’est comme cela que je souhaitais marquer mon sport. »
Écrire un livre était la suite logique de votre carrière ? Était-ce un projet de longue date ?
« J’avais des propositions depuis plusieurs années mais je ne voulais pas le faire pendant que j’étais en carrière. Pourquoi ? Parce que je ne souhaitais pas expliquer comment je fonctionnais car ça aurait pu profiter à mes concurrents. Mais au début de ma retraite je trouvais ça bien d’expliquer comment j’étais arrivé aussi haut mais surtout comment j’y suis resté.
Si de par ma carrière et ce que j’explique dans ce livre je peux aider des jeunes à se destiner au poste de gardien par choix et non pas par dépit quand l’entraîneur le demande, j’aurais tout gagné. Mais mon ouvrage n’est pas destiné qu’aux sportifs et peut également inspirer d’autres gens en leur montrant comment se remettre en questions après des échecs. »
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