La rencontre Reims-Lille (1-1), dimanche en Ligue 1, a une fois de plus démontré les limites de la VAR avec un but accordé aux Rémois alors que toutes les images semblent démontrer un hors jeu puis un penalty non sifflé sur une main lilloise. En place depuis cette saison dans la plupart des championnats nationaux de football, l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) fait encore débat. Créée pour gommer les erreurs humaines, la VAR a apporté avec elle de nouveaux problèmes encore inconnus dans le football. Et si finalement, ce progrès était une fausse bonne idée ?
L’année 2018 a marqué la métamorphose de l’arbitrage dans le football. Instauré afin de l’expérimenter au plus haut niveau, le recours à la vidéo à clairement séduit les instances du football. Aujourd’hui, tous les championnats nationaux sont régis par cette dernière, à l’exception de l’Angleterre. Exception qui confirme la règle, la Premier League adoptera la VAR dès la saison prochaine. Plus qu’un phénomène, l’assistance vidéo s’est installée dans le monde du ballon rond à une vitesse fracassante. Son intronisation avait pour but de rectifier les potentielles erreurs de l’homme en noir. Mais les débats autour des décisions arbitrales ont-ils cessé ? Non. Et bien au contraire. Il suffit de se pencher sur les décisions prises lors des deux dernières demi-finales de Coupe de France, pas plus vieille que cette semaine ! Des pénaltys sifflés en pagaille, sans pour autant faire l’unanimité. Il ne faut pas perdre de vue que le football est un sport de contact, la moindre décision est sujet à interprétations différentes. Alors oui, parfois certains coups de sifflet semblent évidents au ralenti, mais à quel pourcentage ? Un sur dix ? Faut-il neuf fois sur dix casser le rythme du match, perdre 5 minutes pour un fait qui repose sur une interprétation personnelle ?
La VAR casse le rythme
Les premières victimes de ce nouveau système sont les joueurs. On se souvient d’Adrien Rabiot, sur l’antenne de France 2 (finale de la coupe de la ligue 2018), qui se plaignait du temps passé à attendre la décision de l’arbitre. Alors même que cette dernière était à l’avantage du Paris-Saint-Germain. Cinq longues minutes à perdre l’intensité qu’impose un match de haut niveau. Doit-on faire patienter les joueurs sur la pelouse pour une décision qui aurait pu être prise instantanément ? Pour se remettre dans un tel rythme, plusieurs minutes sont nécessaires. De quoi perdre de belles secondes de spectacle. Le football est considéré comme une religion pour certains par la passion qu’il entraine. Et pour ces supporters, la VAR ne va pas dans le bon sens, elle casse le rythme des matchs et influe de fait sur la performance des joueurs.
Hausse des réclamations des joueurs
Un nouveau moyen de pression sur les arbitres est né. L’appel à l’usage de la VAR par les joueurs. Nous avons tous en souvenir le nombre de mains sifflées par les hommes en noir après usage de la vidéo, notamment lors de la dernière Coupe du monde. La main de Perisic en finale méritait-elle d’être sanctionnée par un pénalty ? Encore une fois, les interprétations de chacun divergent. Et les footballeurs l’ont bien compris, pourquoi ne pas tenter d’obtenir un pénalty sur un malentendu ? Aujourd’hui, chaque situation litigieuse impose un regroupement des joueurs autour de l’arbitre, désignant la vidéo par le célèbre geste carré avec les bras. Un véritable fléau auquel nous assistons à chaque match. Au fil du temps, les simulations sont peu à peu remplacées par la demande de vidéo. La pression des supporters fait place à celles des propres joueurs. Une pression psychologique accrue à la limite de l’agression physique. Systématique.
Ne serions-nous pas en train de dénaturer le football ?
Le football est vieux de plus de cent ans. La VAR de seulement trois. En l’imposant sur tous les terrains, nous dénaturons forcément ce qu’il a été pendant plus d’un siècle. Pourquoi ce sport est le plus suivi au monde ? Pour son intensité, son beau jeu, sa pression mais aussi pour sa part de hasard. La frustration, le sentiment de s’être fait avoir, ou l’inverse de s’en être bien sorti. Tous ces ascenseurs émotionnels appartiennent au football. Aujourd’hui les hautes institutions du football cherchent à lisser l’image de ce sport, à le rendre plus juste. Et c’est une noble cause. Mais le football est un sport à part. La main de Maradona, en quart de finale de la Coupe du monde 1986 en est l’exemple. Elle est devenue historique, mythique pour tous les amoureux du ballon rond. Pourtant, il s’agit d’une tricherie, d’un geste que nous ne reverrons plus jamais. Alors faut-il se réjouir de l’usage de l’assistance vidéo à l’arbitrage ? Tout dépendra de votre interprétation personnelle.
TOP 3 des situations litigieuses après usage de la VAR
1. La main de Kimpembe contre Manchester United en huitième de finale de la Ligue des champions, le 06.03.19
De dos, sans regarder le ballon, à la 90e minute de jeu, but pour la qualificatifon. Ça fait beaucoup. Aujourd’hui le débat n’est toujours pas clos sur cette décision.
Tony Chapron n’aurait pas sifflé la main de Presnel Kimpembe contre Manchester United : « À mon avis, il n’y a pas main, sur le terrain je ne siffle pas »https://t.co/Ck7vAltYIb pic.twitter.com/t1XsXYuT2u
— L’ÉQUIPE (@lequipe) 9 mars 2019
2. But accordé à Drmic (Borussia Mönchengladbach) contre Hoffenheim le 17.03.18 après une main évidente
Après un bel arrêt du gardien adverse, le ballon rebondit clairement sur le bras décollé de l’attaquant Croate mais l’arbitre ne bronche pas. But accordé. Un scandale.
[⚽️ VIDEO BUT] ?? #Bundesliga
? Josip Drmic égalise contre Hoffenheim…
? Problème, il s’est aidé de la main !
❌❌❌ Et le but a été validé par l’assistance vidéo !https://t.co/JHtszuHbZL— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 17 mars 2018
3. Monaco – Strasbourg, le 19.01.2019, la VAR ne fonctionne pas
Alors menés 2 buts à 1, les monégasques sont dans le dur. Rony Lopes s’écroule dans la surface de réparation, il semble y avoir pénalty mais l’arbitre ne siffle pas. Excuse : la VAR ne marche pas… Colère noire de Thierry Henry qui sera démis de ses fonctions quelques semaines plus tard.
Le fameux problème technique de la VAR… @ThierryHenry je comprend maintenant dans quel état tu étais après Monaco – Strasbourg !
— Clément Chossat (@CChossat) 13 mars 2019
A.L