L’équipe de France accueille l’Espagne. Récemment encore, les Bleus tremblaient avant de recevoir la Roja au Stade de France, même pour une rencontre amicale. Pourquoi donc l’équipe double championne d’Europe et championne du monde en l’espace de six ans effraye-t-elle moins la concurrence ?
Un Mondial raté
Pourquoi ne pas commencer par le dernier échec en date des Espagnols ? Annoncés parmi les favoris à leur propre succession à la Coupe du monde, les joueurs de Vicente Del Bosque ont vécu un véritable cauchemar sous la chaleur brésilienne. Une première déculottée face au Pays-Bas (1-5), une seconde déconvenue face à la belle équipe du Chili (0-2) et, pour finir, une victoire pour l’honneur face à l’Australie (3-0) alors que l’élimination était déjà actée. Pas de quoi rassurer la Roja pour les prochaines échéances, mais suffisant pour démystifier une équipe portée aux nues ces dernières années. Inoffensifs et à la rue défensivement, avec sept buts encaissés en trois matches, Andrés Iniesta et compagnie ont pris la porte rapidement sous une pluie de critiques.
Un système de jeu trop lisible
S’il y a un point que l’on ne peut négliger, c’est bel et bien l’identité de jeu que l’Espagne a mis en place pendant presque huit ans, comparable à celle du Barça sur certains points (possession de balle, pressing). Mais voilà, à l’image du club catalan, la Roja connaît de plus en plus de difficultés à surprendre ses adversaires, que ce soit dans le jeu rapide, dans la possession de ballon, dans le fait de faire bouger un bloc défensif tout entier ou de trouver des passes dans les espaces. Tout ce qui avait permis au FC Barcelone de Messi, Xavi, Iniesta ou encore Busquets de devenir champion d’Espagne (2009, 2010, 2011, 2013) ou champion d’Europe (2009, 2011) a semblé disparaître. Ou du moins, si l’identité de jeu est restée intacte, c’est son efficacité qui fait aujourd’hui défaut. Les joueurs changent, évoluent, les systèmes font de même. L’intégration d’un nouvel attaquant de point avec Diego Costa au Mondial et les changements qui en ont découlé ont été un échec. Les prochaines prestations de la troupe de Del Bosque seront scrutées pour savoir comment l’Espagne va désormais évoluer.
La fin d’une génération
Au sommet de son art et de son pouvoir sur le football mondial, l’équipe d’Espagne faisait peur. Il n’y a aucun doute là-dessus. Premièrement, la Roja de Vicente Bosque paraissait tout simplement infranchissable. Casilas dans les buts, Piqué, Ramos et Puyol devant lui. Oui, ça a de la gueule. Deuxièmement, la double championne d’Europe en titre pouvait s’appuyer sur le meilleur milieu de terrain au monde avec Sergio Busquets, Xavi Hernandez et Xabi Alonso. Enfin, l’équipe d’Espagne avait un arsenal offensif redoutable avec David Villa, Andrés Iniesta ou même Fernando Torres. Oui mais voilà. Xabi Alonso a lancé la mode des retraites internationales, suivi de près par Xavi. Casillas ne devrait pas tarder. Villa avait annoncé que le Mondial serait sa dernière compétition internationale. Et qu’en est-il d’Iniesta, forfait pour le match de jeudi ? Une page va se tourner. Si elle dispose d’un incroyable vivier, l’Espagne va devoir se reconstruire. A voir combien de temps cela prendra-t-il.
Jérémy LEVY