Tour d’Italie : Denz fait oublier Roglic

Secouée par l’abandon de son leader Primoz Roglic, l’équipe Red Bull-Bora a retrouvé le sourire grâce à Nico Denz. L’Allemand de 31 ans a remporté en solitaire la 18e étape du Giro, disputée jeudi entre Fiera di Primiero et Cesano Maderno, offrant ainsi une victoire symbolique à son équipe endeuillée.

Parti dans une échappée massive regroupant jusqu’à 36 coureurs, Denz a placé son attaque décisive à 18 kilomètres de l’arrivée, s’imposant avec panache pour décrocher son troisième succès sur le Giro, après deux victoires en 2023.

« C’est celle qui m’a procuré le plus d’émotions », a confié le coureur, visiblement touché, avant de revenir sur le coup dur que fut la perte de Roglic, contraint à l’abandon mardi. Il a aussi évoqué la réalité crue de ce métier exigeant, où des mois de travail peuvent s’effondrer en un instant.

« Quand vous perdez un leader comme Primoz, vous perdez un rêve. On s’était tous donnés à fond – les coureurs, le staff – pour gagner le Giro avec lui. J’ai passé deux mois en altitude, trois mois loin de ma femme et de mes enfants… Alors oui, on se dit que tout ce sacrifice est vain. Mais aujourd’hui, on a su renverser la situation. C’est très spécial. »

Après les abandons de Roglic et de Jai Hindley, son lieutenant, Denz s’est plongé dans le Garibaldi, le fameux livre de route du Giro. « En l’étudiant, j’ai vu que cette étape était la seule qui me correspondait encore. J’ai donc tout fait pour être dans la bonne échappée, en suivant mon instinct. »

L’Allemand, formé à Chambéry avec AG2R, a d’abord intégré un large groupe de fuyards que le peloton, peu motivé, a laissé prendre le large. Ensuite, il a flairé le bon coup quand onze hommes ont pris les devants. Et enfin, il a tout misé en partant seul à 18 km de la ligne.

Un coup de maître tactique

« Le groupe ne collaborait pas bien. Alors je me suis lancé. Quand j’ai vu que personne ne suivait, j’ai compris qu’ils allaient se regarder. » Résultat : victoire avec 1’01 d’avance sur le groupe de poursuivants réglé au sprint par l’Italien Mirco Maestri.

Le peloton des favoris, lui, a franchi la ligne avec près de 14 minutes de retard. À un rythme si lent que les organisateurs ont dû demander à l’équipe Q36.5 – absente de l’échappée – de prendre les commandes pour éviter que les leaders ne rattrapent les hommes de tête dans le dernier circuit de 13 km.

Le classement général reste inchangé : le maillot rose est toujours sur les épaules du Mexicain Isaac del Toro, avec 41 secondes d’avance sur l’Équatorien Richard Carapaz et 51 secondes sur le Britannique Simon Yates.

Une journée charnière attend les favoris

Après cette étape de transition – la plus courte de cette 108e édition (144 km) – le Giro repart de plus belle vendredi avec une étape redoutable comportant cinq cols, avant un nouveau rendez-vous montagneux samedi sur les pentes du terrifiant Colle delle Finestre.

La journée a aussi été marquée par un autre abandon de taille : celui de Juan Ayuso. Déjà relégué à plus de 49 minutes au général (26e) en raison d’une blessure au genou depuis sa chute lors de la 9e étape, l’Espagnol est arrivé au départ avec l’œil droit complètement fermé à cause d’une piqûre d’abeille. Gêné, il a rapidement mis pied à terre.