Roland-Garros : l’heure de vérité pour Novak Djokovic

À l’aube de ses 38 ans, Novak Djokovic aborde Roland-Garros dans le doute, miné par les blessures et les contre-performances. Peut-il encore viser un 25e titre du Grand Chelem, ou assiste-t-on au crépuscule d’une légende ?

La question n’a rien de nouveau, mais elle devient de plus en plus pressante à l’approche de ses 38 ans et après une série de revers cinglants : Novak Djokovic peut-il encore ajouter un 25e titre du Grand Chelem à son palmarès déjà légendaire ? À quelques jours du coup d’envoi de Roland-Garros (25 mai – 8 juin), les doutes entourant le N.6 mondial n’ont jamais été aussi palpables.

Sa saison sur terre battue, pour l’instant, tourne au fiasco : élimination dès son entrée en lice à Monte-Carlo puis Madrid, forfait à Rome… Ces contre-performances font écho à ses sorties prématurées plus tôt dans l’année à Doha et à Indian Wells. En quête de repères, le Serbe a accepté à la dernière minute une invitation pour l’ATP 250 de Genève, qui a débuté dimanche – une ultime tentative pour retrouver du rythme avant de fouler la terre ocre parisienne où il brilla l’an dernier lors des Jeux olympiques.

Après une conférence de presse glaciale à Monte-Carlo, Djokovic s’est montré plus posé et introspectif à Madrid. « C’est une nouvelle réalité pour moi : gagner un ou deux matchs, sans réellement espérer aller loin », confiait celui qui a trôné au sommet de l’ATP pendant 428 semaines, un record. « C’est un sentiment étrange, très différent de ce que j’ai vécu durant plus de vingt ans. C’est un nouveau défi. »

Dépourvu de ses rivaux historiques – Federer et Nadal ayant tiré leur révérence –, Djokovic semble peu à peu orphelin de cette rivalité fondatrice. Même Andy Murray, dernier membre actif du « Big Four », vient de mettre fin à sa collaboration avec le Serbe, après seulement six mois en tant qu’entraîneur. Ensemble, ils avaient tout de même atteint les demi-finales de l’Open d’Australie (forfait sur blessure) et la finale à Miami (perdu face au Tchèque Jakub Mensik).

Mais le compteur reste figé : 24 titres majeurs, à égalité avec Margaret Court. Le dernier en date ? L’US Open 2023.

« Le tournoi le plus ouvert depuis longtemps »

L’ex-joueuse Catherine Tanvier résumait la situation en mars : « Il s’épuise. Le corps ne suit plus. Son intensité n’est plus suffisante face aux jeunes comme Alcaraz et Sinner. » En effet, blessures et pépins se sont accumulés : opération du genou en juin 2024, déchirure à la cuisse en Australie, infection oculaire à Miami…

Djokovic, lucide, admet que la motivation est plus dure à maintenir. « C’est devenu plus compliqué de trouver un équilibre entre ma carrière et ma vie privée, de me motiver à continuer au quotidien », reconnaissait-il à Monte-Carlo. Et d’ajouter : « Quand les résultats ne suivent plus, les doutes s’installent. On se demande si on doit continuer. »

Pourtant, difficile de parier sur un déclin définitif. Sa finale à Wimbledon 2024 et surtout son sacre olympique post-opération montrent qu’il reste capable de fulgurances. Roland-Garros, orphelin de Nadal et avec un Djokovic chancelant, semble cette année plus ouvert que jamais – c’est du moins ce que prédisait Richard Gasquet en avril, tout en classant malgré tout le Serbe parmi les favoris.

Et après la terre battue parisienne, Djokovic retrouvera des terrains plus favorables à son jeu : Wimbledon en juillet, puis l’US Open en fin d’été. Suffisant pour relancer la machine et repousser encore un peu l’inéluctable ? Réponse imminente.