Eliminée dès le deuxième tour à Roland-Garros, la N.5 mondiale Caroline Garcia est empêtrée dans une saison où elle peine à se montrer à la hauteur de son nouveau statut. Elle s’est livrée dans un entretien relayée par l’AFP.
Vous sembliez avoir le match en main. Que s’est-il passé ?
« J’avais le premier set, j’avais un break et à partir de ce moment-là, les choses se sont un petit peu enrayées. Je me suis tendue énormément. Et autant dans le premier set, j’allais vraiment à fond dans mes frappes et dans mes décisions, mes choix de jeu. Je n’hésitais pas. Du coup, ma balle va plus vite, elle fait plus mal. Autant après, je me suis mise à être passive, à ne plus aller chercher les points et à lui laisser mener le jeu. Quand je suis comme ça, plus attentiste, j’ai vachement de mal à lire le jeu et à me déplacer sur le terrain. J’ai eu du mal à me sortir de ce moment-là. Et quand je l’ai fait, c’était un peu trop par intermittence. »
Comment expliquez-vous ce changement d’attitude ?
« J’ai du mal à l’expliquer, maintenant et sur le moment, sur le court. Ce sont des choses qui se sont déjà passées. Je sais très bien ce que je dois faire sur le terrain, dans mon jeu, mais je commence à avoir un peu peur de rater en jouant ce jeu agressif. Et à partir de là, je n’ose plus trop y aller, ce qui cause encore plus de fautes et des frappes faites à moitié, et soit ça s’envole, soit ça fait des balles trop courtes. C’est un peu dur de perdre en ayant joué comme ça. »
Y voyez-vous un effet Roland-Garros en particulier ?
« Je ne peux pas dire que ça ne m’est arrivé qu’à Roland Garros… Après, forcément, c’est un tournoi qui me tient à coeur, où j’ai envie de faire des bonnes choses. Est-ce que j’étais complètement relâchée ? Non. Est-ce que je pensais avoir des solutions pour contrer ça ? Oui, ou en tout cas faire du mieux possible. Dans ce match-là, je l’ai fait un peu en mode +on et off+. Il y a tellement de paramètres différents, c’est dur de dire quelle est la cause. (…) Je suis humaine, j’ai des émotions, il y a des choses qui se passent dans ton coeur, dans ta tête, et tu essaies de tout gérer, en même temps que de gérer une adversaire. Tu fais du mieux que tu peux. Aujourd’hui, ce n’était pas à la hauteur, ce n’était pas à la hauteur ces dernières semaines non plus. »
Allez-vous jusqu’à douter de votre identité de jeu hyper agressive ?
« C’est un dilemme que je ne devrais pas avoir en fait. Si j’avais besoin de preuves encore, après la saison dernière, il n’y en a plus vraiment besoin… C’est un jeu à risques, un jeu qui fait des fautes et des coups gagnants, mais qui produit tellement de choses. J’adore jouer comme ça. Mais c’est vrai que parfois, quand je suis sur le court, je n’ose pas y aller, je n’ose pas suivre au filet, je n’ose pas frapper, je n’ose pas changer de direction, et ça me joue des tours. Les plus grands regrets que j’ai aujourd’hui, c’est de ne pas y aller à fond dans ce style de jeu. Au moins avoir la sensation que j’ai joué mon jeu à fond et que j’ai essayé de saisir toutes les opportunités, alors que là, non. C’est cette partie-là qui est un peu dure à digérer. Les opportunités que j’ai eues, j’ai eu du mal à les saisir, j’ai joué un peu petit bras, j’ai forcément des regrets par rapport à ça. J’avais envie de jouer plus de matches devant ma famille, mes amis, forcément je suis déçue, ça va prendre quelques jours (à passer). Physiquement, ça va, mentalement je vais m’en remettre, je m’en suis remis de douze déjà… (la Française disputait le 13e Roland-Garros de sa carrière avec comme meilleur résultat un quart de finale en 2017, NDLR). »