108e mondial au classement ATP, le Français Grégoire Barrère, qui ne cesse de progresser au fil des années et des saisons, nous a fait l’honneur de nous accorder une interview. Au programme : des questions insolites, des anecdotes amusantes et des souvenirs marquants.
En constante progression depuis le début de sa carrière, Grégoire Barrère gravit un par un les échelons du haut niveau sans faire de bruit. A 25 ans, dans la lignée de sa belle dynamique, le Frenchy découvrait le cercle fermé des cent meilleurs joueurs au monde en 2019. Un an plus tard, Grégoire vient de boucler cette saison 2020 hors norme, chamboulée par la pandémie mondiale, aux portes du top 100 au 108e rang du classement ATP. Avec trois Challengers et un premier tour franchi dans tous les Grand Chelem à ce jour, le Français, qui alterne entre circuit principal et secondaire, a pris l’habitude de s’inviter de plus en plus souvent dans les tournois les plus prestigieux de la planète tennis. Connu dans les vestiaires pour sa gentillesse naturelle et sa simplicité, Grégoire a fait honneur à sa réputation en nous accordant une petite interview en mode détente. Partez, sans plus tarder, à la rencontre de ce garçon à l’attitude exemplaire, trop peu médiatisé.
Es-tu satisfait par tes résultats de cette saison 2020 pas comme les autres, fortement impactée par la pandémie mondiale ?
Dans l’absolu non. J’ai un peu coulé au classement par rapport à mon début de saison. J’ai plutôt bien commencé l’année en battant des bons joueurs comme Dimitrov en quart de finale à Montpellier et Frances Tiafoe à Indian Wells en Challenger. Derrière, j’arrive à m’extirper des qualifs à l’ATP 500 de Rotterdam. Un début de saison correct mais depuis le déconfinement ça n’a pas été terrible pour moi niveau résultats. Hormis l’US Open où je passe un tour, avant de perdre contre Rublev en faisant un match correct, la fin de saison a été compliquée, je n’en suis pas satisfait.
A quoi ressemble ton quotidien actuellement, comment vis-tu ce second confinement et comment t’entretiens-tu physiquement ?
On a la chance en France d’avoir une attestation spécial sportif de haut niveau. Dans la All In Academy de Tsonga où je suis pensionnaire, j’ai accès aux installations et je peux toujours m’entraîner grâce à cette fameuse autorisation. Je peux faire du physique, du tennis et réaliser ma prépa foncière. J’ai la chance de ne pas être confiné chez moi toute la journée, je peux sortir aller m’entraîner et je peux rentrer à la maison pour récupérer. C’est l’idéal pour une bonne préparation, on n’est pas tenté d’aller au restaurant le soir ou d’aller voir des amis. Je sors de chez moi pour aller m’entraîner puis je rentre pour récupérer. Je ne suis pas trop embêté par ce second confinement en définitive.
Quel est ta pire galère de tournoi ?
Ca doit remonter à six ou sept ans, ça date ! On partait faire des Futures au Zimbabwe avec mon coach de l’époque Mathieu Rodrigues en compagnie d’un autre jeune. On a eu une galère à l’aéroport à une escale au Kenya. Au départ, notre vol de Paris a eu du retard donc on a raté la correspondance à Amsterdam pour Harare (ndlr : capitale du Zimbabwe). On a dû reprendre un billet pour aller d’abord au Kenya avant d’en reprendre un le lendemain direction Harare. On a donc passé la nuit à Nairobi, sauf qu’en arrivant là-bas, mon coach n’a pas pu quitter l’aéroport en raison d’un passeport jugé non valable. On n’a pas trop compris pourquoi. Il était un peu décollé apparemment. A ce moment-là il devait être autour de minuit, j’avais 19 ans, quelque chose comme ça, et j’étais avec un autre jeune de 16 ans et on s’est demandé sérieusement ce qu’on allait faire. Soit on allait à l’hôtel tous les deux et on laissait notre coach passer la nuit à l’aéroport, soit on restait avec lui. On a finalement choisi la deuxième option. On a dormi par terre, tout était fermé, il n’y avait rien à boire ni à manger… C’était une longue nuit et une belle galère. Le lendemain, on était en stress, on avait peur que mon coach ne puisse pas nous suivre une deuxième fois mais heureusement tout s’est bien passé une fois sur place au Zimbabwe. Malgré cette mésaventure, j’avais bien joué lors des deux Futures, j’ai gagné le double à chaque fois et j’ai tapé deux demis en simple.
Quelles sont tes idoles dans le tennis ?
J’en ai plusieurs. Au début, j’idolâtrais Marat Safin et Paul-Henri Mathieu. Et avec le temps, forcément Federer, qui est devenu une idole.
Ca fait quoi de croiser Roger Federer pour la première fois dans les vestiaires ou dans les allées des tournois ? Tu lui as déjà parlé ou tu as déjà tapé avec lui à l’entraînement ?
Je n’ai jamais tapé avec lui pour le moment. La première fois que tu le croises, c’est forcément un peu perturbant. Il est à l’image des Jordan, des Maradona… Ces sportifs-là, ce sont des mecs au-delà du sport. C’est bizarre au début puis on commence à s’habituer, on fait avec, on sait qu’on peut le jouer. Il faut mettre tout ça de côté. Excepté quelques bonjours, je n’ai jamais tapé la causette avec lui. Je connais un petit peu son coach, mais sinon c’est toujours resté très bref avec « Rodgeur » (rires).
Hormis le tennis, quelles sont tes autres passions dans la vie ?
Le football j’ai envie de dire ! Je suis fan du PSG. J’ai la vue sur le Parc des Princes depuis chez moi, en tant que bon supporter ! (rires). Le foot donc mais aussi le sport en général, je m’intéresse à tout. Pour le reste c’est du classique. Avant le confinement, j’aimais sortir avec mes potes, aller au resto, passer du temps avec ma copine.
Parmi les joueurs français, avec qui as-tu le plus d’affinités ?
Je dirais Lucas Pouille et Mathias Bourgue, on est de la même génération donc forcément ça rapproche. Sinon je m’entends très bien avec tout le monde. J’adore aussi Adrian Mannarino. D’une manière générale, tout le monde s’apprécie dans le tennis français.
Tu as déjà passé la barre du premier tour dans tous les tournois du Grand Chelem. A ce jour, quel est le parcours et les victoires dont tu es le plus fier ?
Il y a la première victoire à Roland-Garros forcément qui est toujours spéciale pour un joueur français (ndlr : contre Ebden en 2019 au premier tour). Je suis originaire de la région parisienne, toute ma famille et mes amis étaient là pour m’encourager en tribunes. En plus l’année d’avant, j’avais perdu en menant deux sets à zéro, en crampant, (ndlr : défaite contre Albot en 2018, 4-6, 0-6, 7-5, 6-1, 6-2), je m’étais dit que je n’y arriverais jamais à Roland-Garros (rires). Cette aventure était donc très spéciale puis il y a eu celle aussi à l’US Open qui est importante où je gagne en cinq sets en plus de 4h de jeu avec plein de rebondissements (ndlr : contre Norrie au premier tour, 7-6, 6-4, 4-6, 6-7, 7-6). Le court était une véritable fournaise, l’autre sert pour le match et malgré tout j’arrive à m’en sortir à l’arrache. Et pour la petite histoire, cette victoire me fait rentrer pour la toute première fois dans le top 100. Je retiens ces deux beaux succès.
Tu as une devise dans la vie ?
Je n’en ai pas vraiment si ce n’est que je déteste les gens en retard. Je n’ai pas trop de devise là-dessus mais je m’oblige à être tout le temps à l’heure, voire en avance.
Quel est ta playlist du moment ?
J’aime beaucoup la dernière chanson d’Angèle avec Dua Lipa. J’écoute aussi Muse et du Drake. Pas mal de Rap US en fait !