Quarantaine ultra stricte, isolement, vols agités, joueurs en colère… Et maintenant révélation de deux cas positifs dans la bulle de Melbourne ce mardi. L’énorme fiasco qui guette dangereusement l’Open d’Australie 2021 semble se rapprocher au fil des jours.
Alors que la saison 2020 a été définitivement enterrée et balancée aux oubliettes, la planète tennis se projetait vers 2021 durant l’intersaison en espérant que la Covid-19 ne soit plus qu’un lointain souvenir. Malheureusement, ce satané virus est bien encore de la partie pour cette nouvelle année et chamboule déjà le calendrier et le quotidien des joueurs. L’Open d’Australie est le premier à en faire les frais. Reporté pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale au mois de février (du 8 au 21), le premier Grand Chelem de la saison est le théâtre d’une immense zizanie. La bulle sanitaire ultra stricte instaurée par les organisateurs est vivement critiquée par ses pensionnaires.
Et le premier à avoir complètement craqué peut étonner puisqu’il s’agit de Roberto Bautista Agut, réputé pour son calme olympien et son sang-froid. Pour Sport5, l’Espagnol a fait entendre sa voix pour dénoncer les conditions d’enfermement que lui et ses homologues subissent. « C’est comme être en prison… avec du wifi. Ces gens n’y connaissent rien en tennis. C’est une catastrophe absolue parce que c’est le gouvernement qui contrôle tout, pas Tennis Australia. Je ne peux pas imaginer passer 2 semaines comme ça ».
Face à cet ouragan de critiques des joueurs de l’ATP et de la WTA qui circulent sur les réseaux sociaux, la presse australienne a répliqué en se montrant très sévère avec les champions de la petite balle jaune. Ainsi, le West Australian décrivait les athlètes comme des « pleurnichards » oubliant l’envergure des ravages de la crise sanitaire en Australie et les quatre mois de confinement strict imposés aux habitants de Melbourne.
En Une, le journal titrait « Non merci Djokovic », prenant à parti le Serbe « anti-vaccin qui a été rondement brisé après avoir publié une liste de demandes de traitement spécial pour les joueurs de l’Open d’Australie ».
Dans la foulée, le sulfureux Nick Kyrgios a encore dégainé sur Twitter en s’en prenant à sa victime favorite, le numéro un mondial, avec un beau message fleuri : « Djokovic est un crétin ». Si certains en doutaient encore, ils ont la confirmation que les deux joueurs ne partiront jamais en vacances ensemble.
De l’autre côté du filet, les acteurs et les défenseurs de la logistique australienne ont tenu à replacer l’église au milieu du village. C’est le cas notamment de Bill Shorten, membre du Parlement, qui a poussé un énorme coup de gueule au sujet du caprice des joueurs enfermés dans leur prison dorée. « Bien sûr, ce n’est pas génial d’être enfermé dans une chambre d’hôtel pendant cette période, mais vous savez, je pense qu’ils doivent juste se ressaisir. Des gens sont morts. Des gens ont perdu leur emploi… et vous avez ces petits trouillards qui pleurent sur leurs conditions de vie… Ce sont des athlètes d’élite, je peux compatir. Mais ils sont très bien payés pour venir à l’Open d’Australie. Peut-être qu’ils ont juste à voir comment le reste du monde supporte la Covid aussi ».
Dans le même sens, Victoria Azarenka s’est adressé à ses pairs dans une lettre ouverte pleine de sagesse et de réflexion. « J’aimerais vous demander d’être sensibles aux gens qui ont perdu leur emploi et des proches pendant cette crise. De respecter les gens qui travaillent sans relâche pour nous faciliter la vie… »
Les joueurs et leur staff vivent leur période d’isolement dans deux sites australiens. Adélaïde pour les plus grandes stars du circuit, Djokovic, Nadal, Thiem ainsi qu’Osaka, Halep et Williams, rassemblées pour une exhibition ainsi que Melbourne donc et sa fameuse bulle sanitaire.
Après l’arrivée massive en fin de semaine dans la capitale de l’Etat de Victoria, les experts en maladies infectieuses avaient, selon The Age, rapidement alerté que « le virus pourrait encore être en incubation chez certaines des 1.200 personnes arrivées à Melbourne depuis jeudi ». Après les premiers cas positifs révélés parmi les passagers de trois vols en provenance d’Abu Dhabi, Doha et Los Angeles, 72 joueurs ont été placés à un isolement strict, avec interdiction de s’entraîner pendant deux semaines. L’objectif étant d’empêcher tout risque de propagation du nouveau coronavirus.
Malheureusement, le système n’est pas infaillible. Ce mardi, trois nouveaux cas positifs, dont deux joueurs aux identités encore inconnues, ont été enregistrés comme l’a rapporté le ministère de la Santé de l’Etat de Victoria. La troisième personne étant une femme d’une vingtaine d’années liée à la gestion du tournoi. Au total, neuf personnes ont été infectées alors qu’elles sont assignées à résidence en pleine quarantaine. A désormais quelques semaines des premiers échanges du grand tableau qui débute le 8 février, la tenue de l’Open d’Australie n’a jamais été autant menacée. Fiasco en approche ?