Les habitants de Calgary, appelés à se prononcer lors d’un référendum, rejette la candidature de leur ville à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2026. Après le psychodrame entre les élus qui avaient porté un coup presque fatal au dossier, le « non » devrait signifier la fin du projet Calgary 2026.
Le Comité international olympique (CIO) a bien fait d’avancer la désignation de la ville hôte des Jeux de 2026 à juin prochain. Au rythme actuel d’une défection par trimestre, il ne resterait plus personne si le calendrier initial, vote en septembre 2019, avait été maintenue. Selon les chiffres préliminaires publiés par Calgary deux heures après la fermeture des bureaux de vote, 56,4% des habitants se sont prononcés durant ce scrutin électronique pour le « non », contre 43,6% pour le « oui ». Les résultats officiels seront publiés vendredi. Avec une participation de 304.774 votants sur 767.000 possibles, les Calgariens ont envoyé un message fort: trente ans après avoir accueilli les JO 1988, marqués par l’improbable équipage jamaïcain de bobsleigh rendu célèbre par le film « Rasta Rockett » de Disney, ils ne veulent plus de la flamme olympique.
Le comité de candidature Calgary 2026 ne se fait guère d’illusions et a annoncé dans la foulée son démantèlement: « Dans les semaines à venir, Calgary 2026 conclura ses activités, notamment en préparant la fermeture de ses livres comptables et en présentant des rapports finaux à ses partenaires financiers« , a-t-il expliqué. Le conseil municipal de Calgary qui doit se prononcer in fine, a priori en début de semaine prochaine, sur la poursuite ou l’abandon de la candidature, pourrait difficilement faire autrement que de jeter l’éponge. Avant le référendum, la province de l’Alberta, qui devait cofinancer le projet, avait en effet prévenu qu’elle retirerait son soutien en cas de victoire du « non ». « Ce résultat nous permet de continuer de construire un avenir vibrant et solide pour Calgary, on peut travailler ensemble sur des priorités qui servent l’intérêt général », s’est félicité l’association « No Calgary Olympics ».
Les arguments des partisans du « non », qui ont mené une campagne très active sur les réseaux sociaux, ont frappé les esprits des 1,23 million d’habitants d’une ville encore marquée par la chute des cours de pétrole, dont son économie dépend. Ils ont d’emblée brandi l’épouvantail d’un dérapage des dépenses qui entraînerait une hausse des impôts locaux, arguments qui avaient déjà contribué à faire capoter les candidatures de Sion (Suisse) et Graz/Schladming (Autriche) pour ces mêmes JO. Et ce ne sont pas les dissensions au sein du conseil municipal et l’accord de dernière minute, arraché fin octobre avec le gouvernement fédéral et l’Alberta pour le financement du projet, qui ont contribué à rassurer la population. Le coût du projet Calgary 2026, qui reposait sur l’utilisation d’infrastructures sportives utilisées lors des JO 1988 et même lors des JO 2010 de Vancouver en Colombie britannique voisine, était estimé à cinq milliards de dollars canadiens (3,3 milliards d’euros). Loin des ardoises colossales des derniers Jeux d’hiver, à Sotchi (Russie) en 2014 et Pyeongchang (Corée du Sud) en 2018. Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau avait promis 1,45 milliard de dollars canadiens, et la province de l’Alberta 700 millions, laissant à Calgary une facture de 390 millions, tandis que la contribution du Comité international olympique (CIO) devait être, en cas de succès, de 1,2 milliard.
L’abandon, probable, de Calgary est une mauvaise nouvelle pour le CIO qui n’aurait donc plus que deux candidatures à étudier pour l’échéance 2026, Stockholm (Suède) et Milan/Cortina d’Ampezzo (Italie). Encore faut-il que d’ici juin 2019, date de la désignation de la ville-hôte, ces deux projets soient toujours en course, la candidature italienne par exemple ne bénéficiant pas du soutien financier de Rome. Quant à la ville suédoise, son nouveau conseil municipal a fait des déclarations hostiles aux Jeux. Avec une chance sur deux de l’emporter, va-t-il revoir sa position ?