Porté par l’irrésistible goût du fiasco qui fait sa renommée, Antoine Declercq, co-fondateur et rédacteur en chef de la FFLose, dévoile le nouveau livre de la Fédération Française de la Lose. Un road-trip jubilatoire de 256 pages publié chez Marabout, où l’on traverse les continents à la rencontre des plus belles gamelles sportives, françaises bien sûr, mais aussi internationales. Histoires insolites, héros oubliés, disciplines improbables et rubriques inédites : la lose n’a jamais eu autant de panache… le tout sous le regard complice de Romain Grosjean, auteur de la préface. Interview.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de franchir les frontières et d’explorer la lose à l’échelle mondiale pour ce nouveau livre ?
Antoine Declercq : « On avait déjà réalisé un gros travail de recherche des grandes histoires de la lose à la Française dans notre premier ouvrage, « La BIble de la Lose du Sport Français ». L’objectif dans ce nouveau livre est d’offrir un guide du routard de la Lose. Les plus belles défaites françaises aux 4 coins du globe, mais aussi le meilleur de la lose étrangère. »
Comment avez-vous sélectionné les “80 loses” parmi la quantité astronomique d’échecs sportifs possibles à travers le monde ?
AD : « On a essayé de faire un panaché de tout ce que le monde merveilleux de la lose peut proposer : des humiliations, des triches improbables, des histoires rocambolesques… Notre objectif est d’avoir les grandes défaites mythiques du sport mondial, mais aussi des histoires inconnues et insolites ! »
Y a-t-il une lose internationale qui vous a particulièrement marqués ou surpris pendant vos recherches ?
AD : « Comme ça je dirais le plus lent marathon de l’histoire des jeux. Une histoire assez lunaire d’un marathonien japonais qui s’est enfuit des Jeux après un coup de chaud à son marathon. La Suède a mis plus de 50 ans pour le retrouver, et lui proposer de finir son épreuve. Au final, il a passé la ligne au bout de 54 ans et 8 mois « d’efforts ». Autant le dire, on a là un record qui ne risque pas d’être battu. »
La lose française a une réputation solide : en comparant avec le reste du monde, qu’est-ce qui rend la lose “à la française” si unique pour vous ?
AD : « Ah, on est chauvins, c’est sûr. J’ai vraiment le sentiment qu’on perd toujours avec quelque chose en plus. Par exemple, la finale 2022 au Qatar, on aurait pu choisir de perdre tranquillement 2-0, mais non, on s’est offert du rêve et de l’espoir pour encore plus souffrir derrière. Le panache, c’est ça notre ingrédient secret. »
Quelle place occupe l’humour dans votre travail ?
AD : « On essaye le plus possible d’en avoir dans notre activité et dans nos vies. Après, on a beau essayé d’avoir cette philosophie au maximum, ça reste compliqué de se marrer en faisant la compta. On n’est pas sûr un ratio de 100%. »
Dans le livre, on voyage d’Auckland à Cleveland : avez-vous découvert des cultures qui assument – ou au contraire cachent – mieux leurs échecs ?
AD : « Alors, proche de chez nous, la Belgique manie évidemment l’auto dérision avec brio. Les Italiens aussi ne sont pas mauvais dans le domaine – ils ont invité toutes leurs 4e places lors des cérémonies de félicitations après les Jeux de Paris. Et plus loin, l’exemple de Cleveland est parfait. On pourrait penser que les Etats-Unis sont hermétiques à l’échec, mais ils restent des lieux de résistance. Et Cleveland, c’est un peu leur village d’Asterix de la Lose. Une ville qui vit sur la désillusion sportive depuis plus d’un demi siècle. Ca donne presque envie d’aller passer ses vacances là bas. Presque. »
Certaines loses sont devenues mythiques avec le temps. Selon vous, qu’est-ce qui fait qu’un échec devient “glorieux” ?
AD : « Il y a deux critères principaux je dirai. La souffrance des supporters sur le moment, et l’héritage qui en est laissé. Il doit rester dans la mémoire collective et offrir une empathie particulière. Je prends souvent l’exemple de Laurent Fignon, pas spécialiement apprécié avant son contre la montre épique. Après ça, il est devenu une idole populaire. Un echec glorieux, c’est finalement un echec qui fait gagner de l’affection. »
La FFL rend hommage aux perdants depuis 2015, il y a eu aussi un livre, la Bible de la lose il y a quelques années, qu’est-ce qui a le plus évolué dans votre manière de travailler, raconter, chercher la lose depuis vos débuts ?
AD : « Ce qui a le plus évolué, c’est que c’est devenu un travail à templs plein pour Louis et moi ! Ce qui a le plus évolué, c’est notre accès aux sportifs à présent. Avant, nous ne faisions que raconter leurs lose. Maintenant, ils le font à notre place. En gros, on bosse encore moins quoi… »
Romain Grosjean signe la préface : comment s’est faite cette collaboration et qu’est-ce qu’elle représente pour vous
AD : « Comme pour Thibaut Pinot lors du premier livre ! Un message sur Instagram et c’est tout. Romain, c’est vrai qu’il nous a offert de grands moments dans sa carrière, et le fait de le voir des années après dans notre propre livre… c’est bien la preuve que nos sportifs ont de l’humour. »


