Le Conseil olympique d’Asie (OCA) a attribué mardi 4 octobre l’organisation des Jeux asiatiques d’hiver 2029 à l’Arabie saoudite. Ils se dérouleront à « Neom », la mégapole futuriste en construction dans le désert montagneux situé au nord-ouest du pays. Une désignation qui a suscité des critiques à travers le monde. Il convient toutefois de signaler que ces jeux sont prévus dans une région froide et enneigée du royaume saoudien. Et se méfier d’un certain paternalisme des pays développés qui exaspère de plus en plus les pays du Sud.
C’est fait : l’Arabie saoudite organisera les Jeux asiatiques d’hiver 2029. Une désignation officialisée mardi 4 octobre dernier par le Conseil olympique d’Asie (OCA). « Les déserts et les montagnes d’Arabie saoudite seront bientôt un terrain de jeu pour les sports d’hiver », s’est félicité l’OCA dans un communiqué. L’instance dirigeante du sport en Asie a précisé que la décision avait été prise « à l’unanimité » lors de son assemblée générale à Phnom Penh, au Cambodge.
La compétition se déroulera à « Neom », une mégapole futuriste en construction dans la région désertique du nord-ouest du royaume. Porté par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS0), Neom est un projet pharaonique de ville ultramoderne et présentée comme écologique. Trois sites sont prévus : « The Line », « Trojena » et « Oxagon ».
Cette décision a immédiatement fait polémique. Les opposants sont en effet vent debout contre l’idée d’organiser des jeux d’hiver dans une région certes montagneuse, mais plus réputée pour ses déserts que pour ses chutes de neige. L’impact écologique, et le gaspillage énergétique, sont les arguments les plus utilisés pour dénoncer le projet.
Pourtant, selon les promoteurs, les Jeux asiatiques d’hiver se dérouleront dans le secteur montagneux de Trojena « où les températures descendent en dessous de zéro en hiver et où les températures tout au long de l’année sont généralement inférieures à 10 degrés » par rapport au reste du pays.
Situé à 50 kilomètres du littoral de la mer Rouge (golfe d’Aqaba), Trojena affiche des altitudes allant de 1 500 à 2 600 m sur une superficie de près de 60 km2. Un cadre qui semble donc propice aux sports d’hiver. Achevé en 2026, Trojena comprendra « des pistes de ski ouvertes toute l’année, un lac artificiel d’eau douce, des chalets, des manoirs et des hôtels de luxe », d’après les promoteurs.
Le directeur de Neom, Nadhmi al-Nasr, a quant à lui affirmé que Trojena serait doté « des infrastructures adéquates pour créer une atmosphère hivernale au coeur du désert, et de faire de ces Jeux d’hiver un événement mondial sans précédent ». D’après Nadhmi al-Nasr, la tenue de cette compétition accélèrera le développement des infrastructures de Neom, dont la raison d’être est de constituer un modèle respectueux de l’environnement. En effet, cette gigantesque ville utilisera des énergies renouvelables à 100%, sera sans émissions de carbone, sans route, sans voiture et développera une agriculture responsable.
Avec ses Jeux asiatiques, l’Arabie saoudite entend également être active dans le domaine du sport et encourager sa jeune population (2/3 des saoudiens ont moins de 30 ans) à le pratiquer régulièrement. Le royaume a déjà accéléré dans le secteur avec l’organisation du Paris Dakar ou encore ses investissements dans l’e-sport. Il a même dans le viseur la Coupe du monde de football en 2030.
Les ambitions environnementales et sportives de Ryad s’inscrivent dans son plan Vision 2030. Lancé en grande pompe par Mohammed ben Salmane en 2016, il vise à faire sortir le pays de sa rente pétrolière historique en assurant sa transition vers un nouveau modèle de développement économique.
Il faut par ailleurs se méfier d’une lecture occidentale qui passe de moins en moins bien dans les pays du Sud. La décision du Conseil olympique d’Asie a été prise à l’unanimité des 45 pays de la région. La contestation provient des pays européens et des Etats-Unis.
Les critiques de cette décision ont parfois un ton « paternaliste », voire donneur de leçons, sur ce qu’il est bon de faire ou pas.
C’est là qu’entre en jeu la délicate question des valeurs : les compétitions sportives doivent-elles à l’avenir se dérouler uniquement dans les pays du Nord ? Les pays du Sud, souvent dirigés par des régimes peu démocratiques, doivent-ils être mis au ban des événements sportifs mondiaux ?
Ostraciser un pays qui agresse ses voisins est tout à fait normal, mais ça l’est moins de boycotter sur le plan sportif tous les Etats qui ne partagent pas nos valeurs. Il convient donc de faire la part des choses. D’autant plus que le sentiment de jugement creuse davantage le fossé entre les pays du Nord et du Sud. Un fossé d’ores et déjà bien aggravé en cette période de crise russoukrainienne. Le sport a pour principal force de rassembler les populations, espérons que ce soit le cas pour les Jeux asiatiques d’hiver 2029.