Hillary Clinton et l’Agence mondiale antidopage (AMA) ont un ennemi commun : les hackers russes. Comme la candidate démocrate à l’élection présidentielle aux Etats-Unis, l’AMA a été victime d’un piratage en règle de ses données.
Difficile de ne pas y voir une vengeance après l’exclusion d’une majorité des athlètes russes des Jeux olympiques de Rio. Des pirates ont mis en ligne, mardi 13 septembre, des documents internes à l’Agence mondiale antidopage (AMA) concernant quatre athlètes américaines ayant participé aux JO de Rio : la gymnaste Simone Biles, les joueuses de tennis Venus et Serena Williams et la basketteuse Elena Delle Donne. Les documents publiés attestent de la prise de produits interdits par ces sportives. Seulement voilà : ces résultats d’analyses n’ont en fait jamais été considérés par l’AMA comme des contrôles positifs, car les intéressées disposaient des « autorisations à usage thérapeutique » pour les substances en question. Dans chacun des cas, la sportive concernée a agi totalement correctement en suivant les règles pour obtenir la permission dutiliser le traitement requis, a insisté le patron de l’Agence antidopage américaine, Travis Tygart, celui qui avait fait chuter de son piédestal le septuple vainqueur américain du Tour de France, Lance Armstrong.
L’AMA regrette profondément cette situation et est consciente de la menace représentée pour les athlètes dont des informations confidentielles ont été divulguées par cet acte criminel, proteste Olivier Niggli, directeur général de l’AMA.
L’agence explique que les forces de l’ordre ont identifié les responsables du piratage. Il s’agirait de Fancy Bear, l’un des nombreux noms donnés par plusieurs entreprises de sécurité informatique traquant, depuis 2014, ses activités d’espionnage. De fait, le site et la page Facebook diffusant les documents volés sont à ce nom. Les pirates y dénoncent le « dopage » ainsi que la « corruption » du Comité international olympique et de l’AMA. Fancy Bear n’est pas un nouveau venu : ce groupe d’envergure étatique, fortement soupçonné d’être une émanation du renseignement militaire russe, est soupçonné d’être derrière de nombreux piratages, notamment en France, où les enquêteurs les suspectent de s’en être pris à TV5 Monde il y a plusieurs mois de cela. Ils sont surtout soupçonnés d’avoir récemment piraté le Parti démocrate américain.
Pour l’AMA, c’est donc la Russie qui se trouve derrière ce piratage. Ces actes criminels compromettent grandement l’effort de la communauté mondiale antidopage de rétablir une relation de confiance avec la Russie, a argué Olivier Niggli. Le porte-parole du Kremlin a nié toute implication de son pays.
La revendication du piratage de l’AMA ne correspond cependant pas aux méthodes de ce groupe très organisé. Il paraît très inhabituel pour eux de créer un site Internet pour y publier leurs trouvailles. Par ailleurs, le site Internet et la page Facebook comportent de nombreuses références au mouvement des Anonymous, un groupe pourtant éloigné de lappareil militaire russe. Le groupe ne semble en tout cas pas vouloir en rester là. Il s’agit juste de la face visible de l’iceberg, ont-ils ainsi précisé sur leur site : Attendez pour voir très bientôt des preuves sensationnelles sur des athlètes ayant pris des substances dopantes.