Les cigarettiers réinvestissent la Formule 1 malgré plusieurs interdictions en vigueur, avec des dépenses publicitaires en hausse qui ont atteint le chiffre « inquiétant » de 100 millions de dollars (environ 85 M EUR) l’an passé, selon un rapport publié mercredi 29 juillet.
Selon cette étude, co-écrite par le magazine spécialisé Formula Money et l’ONG anti-tabac STOP, les dépenses des géants du tabac Philip Morris International (PMI) et British American Tobacco (BAT) en faveur des écuries de F1 Ferrari et McLaren devraient atteindre 115 millions de dollars (env. 98 M EUR) en 2020. L’an passé, PMI et BAT ont lancé un partenariat entre leurs filiales de recherche scientifique et Ferrari et McLaren, plus d’une décennie après la convention de l’OMS interdisant la publicité pour le tabac. S’ils ne mettent plus en avant leurs traditionnelles cigarettes, ils promeuvent désormais de nouveaux produits « sans fumée » mais contenant du tabac, sans mentionner directement de marques.
« Faire de la publicité pour ces produits attire de nouveaux fumeurs, spécialement les jeunes, ce qui cause un préjudice aux générations futures », déclare dans un communiqué le docteur Rüdiger Krech, médecin travaillant à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Nous ne devons pas revenir en arrière dans la lutte contre le tabac », qui tue plus de sept millions de persones chaque année selon l’OMS, ajoute-t-il.
Le rapport estime que l’exposition médiatique des courses de F1 en 2019 a pu rapporter « au moins 150 millions de dollars » à « Mission Winnow », organisation liée à Philip Morris, et 27,6 millions pour les marques de BAT.
Selon le rapport, depuis la création de la F1 il y a 70 ans, 4,4 milliards de dollars (3,74 M EUR) y ont été dépensés dans des publicités et partenariats avec des cigarettiers.
Philip Morris assure que le partenariat avec Ferrari « n’est pas et ne sera pas utilisé pour faire de la publicité pour des produits à base de tabac ou contenant de la nicotine ». Mais cet argument ne convainc pas les auteurs de l’étude. « PMI et BAT assurent qu’elles ne sont pas directement de la publicité pour des cigarettes. Mais selon le droit des marques, elles sont associées à des produits contenant du tabac », souligne Phil Chamberlain, membre de STOP.