Auteur de prestations convaincantes cette saison, l’OM n’a rien pu faire face au rouleau compresseur parisien. Contrairement à la confrontation du 8 février en Coupe de France, Igor Tudor s’est trompé sur toute la ligne concernant son onze de départ ainsi que son coaching.
Tous les observateurs du football français s’accordaient à le dire : Igor Tudor avait effectué une Masterclass le 8 février lors du huitième de finale de Coupe de France remporté par l’OM face au Paris SG (2-1) . Il avait placé Valentin Rongier en défense centrale où l’ancien nantais avait rayonné. L’ensemble du dispositif marseillais avait éteint les Parisiens. C’est totalement l’inverse qui s’est produit hier. Bien que l’OM ait eu des occasions en début de match par l’intermédiaire de Nuno Tavares, le Paris SG a peu à peu imposé son autorité sur le terrain. L’agressivité des Parisiens combinée à leur justesse technique ont considérablement gêné les Marseillais dans le déploiement de leur jeu. Deux choix de Tudor se sont avérés malheureux : la titularisation de Nuno Tavares en piston droit à la place de Jonathan Clauss combinée à celle de Sead Kolasinac en piston gauche, et le placement de Rongier en défense centrale aux côtés d’Éric Bailly et de Leonardo Balerdi. En l’absence de Chancel Mbemba, l’homme à tout-faire de la défense olympienne, la défense marseillaise a pris l’eau, débordée par la vitesse de Mbappé et Nuno Mendes côté gauche. Éric Bailly a notamment eu beaucoup de mal à contenir les assauts du Bondinois.
Des choix très contestables et des arguments faciles
S’il était clair que l’absence de Mbemba allait être préjudicable, pourquoi Tudor n’a-t-il pas aligné la meilleure équipe possible ? Ce qui implique une titularisation de Jonathan Clauss sur le côté droit, Nuno Tavares à gauche, Sead Kolasinac en défense centrale, et garder la doublette efficace Valentin Rongier-Jordan Veretout au milieu de terrain. Or, le coach de l’OM semble se dédouaner de toute responsabilité. Pour lui, il n’y avait pas grand-chose à faire, le Paris SG a décidé de bien jouer, ce qui a rendu la tâche de son équipe difficile : « Si on compare les deux matches (avec celui en Coupe de France à l’issu duquel l’OM a gagné 2-1), la différence c’est eux qui la font. C’est leur numéro 7 (Mbappé). On a joué de la même manière, les joueurs avaient envie de bien faire mais quand en face vous avez Messi, Ruiz, Marquinhos, Verratti, Ramos, c’est très compliqué. Vous avez peut-être l’impression qu’on a été plus lents que d’habitude mais je peux vous assurer que c’est la qualité en face qui était supérieure. » a avancé l’entraîneur croate, avant de poursuivre : « Il (Mbappé) avait beaucoup d’espace parce que c’est un joueur d’une autre planète, tout simplement. En plus de la motivation évidente du PSG, j’ai vu des joueurs adverses très concentrés, ils ont énormément couru comme je ne les ai pas vu le faire depuis longtemps. C’est dur pour tout le monde quand les joueurs d’en face sont aussi bons et sont dans cet état de forme. » Si au travers de son superbe match le Paris SG a illustré sa supériorité incontestable sur l’OM, l’entraîneur olympien n’est pas exempt de tout reproche sur le choix des hommes alignés hier soir.
On change une équipe qui perd
Lorsque des choix s’avèrent mauvais, il est possible de changer son fusil d’épaule en cours de route. Toutefois, Igor Tudor semble frileux à l’idée de dire qu’il s’est trompé. Un réajustement tactique ou un changement d’hommes à la demi-heure de jeu (après le deuxième but parisien), voire à la mi-temps aurait été logique. Or, Jonathan Clauss n’est rentré qu’à la 66e minute de jeu, et Payet, Vitinha et Ounahi seulement à la 81e minute, lorsqu’il y avait déjà 0-3. Que se serait-il passé si Clauss était rentré à la demi-heure de jeu ? Ou si les trois autres entrants avaient été lancés à la mi-temps ? Personne ne le saura jamais, mais il aurait été utile de faire du coaching beaucoup plus tôt dans ce match.
L’adage est bien connu, on ne change pas une équipe qui gagne, et il était logique que Tudor se passe de ses nouvelles recrues Vitinha et Ounahi, certes onéreuses, mais pas encore bien intégrées dans le collectif, par souci d’équilibre et de continuité. En revanche, on change une équipe qui perd, et qui est incapable de trouver des solutions face à un adversaire redoutable. L’OM a désormais un banc de qualité et aurait pu s’en servir plus tôt. À défaut de gagner le match, les Marseillais auraient pu faire meilleure figure grâce à son banc de touche. Clauss pour sa capacité à déborder et sa qualité de centre, Payet par sa qualité de passe et sa vision du jeu, Ounahi par ses dribbles, et Vitinha par ses caractéristiques d’avant-centre, auraient certainement apporté une plus-value non négligeable dans le jeu si Igor Tudor avait été réactif dans son coaching.
Après cette défaite logique dans leur antre de l’Orange Vélodrome, l’OM devra réagir dès mercredi à l’occasion des quarts de finale de la Coupe de France face à Annecy, puis lors de son déplacement à Rennes dimanche prochain pour le compte de la 26e journée de Ligue 1.