Le football français a donc connu cette semaine la plus grande déflagration de son histoire. Mediapro, qui détient la chaîne Téléfoot en France, principal diffuseur de la Ligue 1 et de la Ligue 2 depuis le mois d’août va cesser son activité sur le territoire français dans quelques semaines. Aujourd’hui s’ouvre une nouvelle ère pour le football français…celle des économies.
LES CHIFFRES
826,8 millions d’euros par saison, c’est le montant que devait payer Mediapro sur la période 2020-2024 concernant les droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2. Cette somme, le football français peut l’oublier. Au final, le groupe sino-espagnol n’a payé que 143,6 millions d’euros lors de ses versements du 1er juillet (8,5 millions) et du 5 août (135,1 millions). A ce montant de 143 millions d’euros, il faut ajouter l’accord trouvé dans la nuit de jeudi à vendredi par la LFP portant sur un montant de 100 millions d’euros. Ce contrat entre la Ligue et son ancien diffuseur permet au groupe de Jaume Roures d’avoir la garantie que la LFP n’attaquera pas son groupe devant la justice française. Autre engagement, Téléfoot diffusera la Ligue 1 et la Ligue 2 jusqu’à l’arrivée d’un nouveau diffuseur.
LA SUITE
Un flou total pour la LFP et les clubs français. Depuis quelques heures, Canal+, qui apparait comme le sauveur du football français, fait le mort et ne répond plus aux appels des dirigeants du football français. L’objectif est simple : se faire désirer. La chaîne cryptée attend surtout un signe de L’Elysée. Elle est prête à faire un effort pour sauver le football français mais pas à n’importe quel prix. Selon les informations de nos confrères de L’Equipe, la chaîne du canal 4 de la TNT, financier numéro un du cinéma français, souhaite voir sa TVA, fixée à 10% depuis 2014, revenir à son taux d’avant 2012 (7 %). Un geste d’Emmanuel Macron serait donc le bienvenu. Selon RMC Sport, Canal+ serait prêt à investir 500 millions d’euros sur la Ligue 1 dès cet saison avec 100 millions d’euros de bonus en fonction des abonnements. Avec les 143 millions d’euros déjà payés par Mediapro et l’accord de 100 millions d’euros plus les 50 millions du diffuseur Free, au total, la Ligue 1 pourrait percevoir aux alentours de 800 millions d’euros sur cette saison. Le plus difficile sera pour les saisons suivantes.
QUELLES ALLIANCES POUR CANAL ?
C’est un enjeu stratégique pour Canal+. Heureusement pour la chaîne cryptée, l’entente est parfaite avec ses alliés RMC Sport et BeIn Sports. Au final, plusieurs accords doivent être trouvés avant l’arrivée de Canal+ sur les droits de la Ligue 1. Dans un premier temps, Canal souhaite obtenir un accord de co-diffusion de la Ligue des Champions, à partir de la saison prochaine, avec RMC Sport. Le groupe de Vincent Bolloré doit débourser plus de 310 millions d’euros (par saison) pour obtenir les deux meilleures affiches de chaque journée de la C1. Canal souhaite partager le montant avec la chaîne du groupe Altice.
Autre décision, convaincre les dirigeants de BeIn Sports pour une alliance sur les droits TV de la Ligue 1. Canal souhaite obtenir les affiches premium et laisser les autres à un allié. BeIn Sports pourrait donc récupérer le multiplex de la première division et une autre affiche. Ce coup n’était pas prévu par la chaîne qataris et va obliger ses actionnaires à remettre la main à la poche. Dans les prochains mois, les droits de la Liga, la Bundesliga et la Série A (actuellement détenus par BeIn) seront remis sur le marché. Un engagement fort au niveau financier en Ligue 1 pourrait stopper les investissement de BeIn Sports sur ces marchés. Plusieurs autres questions se posent. Quel avenir pour les droits de l’Europa League, à partir de la saison prochaine, acquis par Mediapro ? RMC Sport devrait compléter son catalogue avec ce droit premium. Et surtout, quel avenir pour la Ligue 2 ? Personne ne parle de ce championnat dans la crise actuelle du football français, mais les clubs de deuxième division pourraient être les plus touchés par la baisse du montant total des droits TV.
Cet épisode Mediapro n’est que le premier acte de la descente aux enfers du football français. Reste maintenant à voir comment les dirigeants de Ligue 1 et de la Ligue 2 vont réussir à redresser le cap…ou alors complètement partir au crash.