Dans le cadre du rendez-vous mensuel proposé par Votre Coach by Groupe BPCE, l’entraîneur du Real Madrid s’est livré dans long entretien sur certaines de ses méthodes de management.
Hiérarchiser les pressions
Du Milan AC présidé à lépoque par un certain Silvio Berlusconi à linstitution Real Madrid, désignée par la FIFA meilleur club du XXe siècle, en passant par le Chelsea du milliardaire russe Roman Abramovitch ou le PSG version Qatari Carlo Ancelotti a assis sa notoriété sur des bancs toujours brûlants. Des bancs qui attisent les convoitises, les critiques, les exigences. Un entraîneur doit faire face à de nombreuses pressions : celle du club, des media, des supporters, des joueurs et il est très important de bien les identifier pour savoir celles que lon peut directement contrôler, prévient demblée lItalien. Bien sûr, il ne balaie pas la difficulté de la tâche, notamment dans les périodes de tourmente, regrette dailleurs que trop de ses confrères perdent leur énergie en oubliant parfois les priorités. Les pressions de la presse et du public, insiste-t-il, ne sont (pourtant) pas aussi déterminantes dans le travail. Sa concentration, Ancelotti la focalise sur son vestiaire. Parce que je sais que la force dun entraîneur, ce sont ses joueurs. Et nous sommes tous dans le même projet ! Chaque individu à lintérieur du groupe a naturellement sa propre motivation ; mais lessentiel reste que toutes ces volontés personnelles aboutissent à une détermination collective. Cest cette pression qui le préoccupe le plus, celle qui est aussi la plus difficile à contrôler car un vestiaire ne ressemble jamais à un autre. La formule vaut aussi pour les clubs, remarquez même si là, Ancelotti tempère : où que vous soyez, on vous demande des résultats. Des victoires, des titres ou un maintien, mais toujours des résultats ! Pour autant, ce technicien au palmarès en or massif ne néglige pas cette pression venue den-haut: Le club veut du travail et je dois répondre à cette exigence. Et ce, tout en restant autre source de pression quelque part -, fidèle à son histoire. Au Real Madrid, comme au Milan AC, le football se doit par tradition dêtre spectaculaire ; dans dautres clubs, ce peut être différent Il faut respecter ces identités de jeu.
Chercher lharmonie dans le vestiaire
Riche dun centre dentraînement Cinq Etoiles à lextérieur de la capitale espagnole, le Real Madrid offre de formidables installations de travail à ceux que lon surnomme Los Merengues. Plus quun simple confort, aux yeux dAncelotti, une nécessité pour protéger ses joueurs dun environnement surmédiatisé. Ce nest pas une question de secrets mais on a besoin de tranquillité pour bien travailler. Ici (au centre), cest un lieu sacré, comme le vestiaire, où personne ne peut entrer, où nous sommes seuls. Une aide importante, appréciée donc Laquelle ne doit tout de même pas faire oublier la plus grande force dAncelotti sous la pression : son management ! Dans sa vie dentraîneur sa vie tout court, à en croire sa compagne à nos côtés durant lentretien -, lintéressé a un principe : être écouté, oui, mais dans le respect. En tant quentraîneur, jai beaucoup de pouvoirs, rappelle-t-il. Je peux décider, demain, dun entraînement à 5h du matin par exemple ! Seulement, je naime pas baser mon fonctionnement sur une relation dautorité. Mes joueurs ont une personnalité, des idées, et jaime parler dégal à égal avec eux. Sans rogner son champ décisionnel, il en ressort, selon lui, un échange plus sincère avec ses hommes, plus constructif. Combien de joueurs mont donné des idées ! assure Carletto. Si, lorsque jentraînais Milan, jai placé Andrea Pirlo milieu défensif, cest parce que LUI ma fait comprendre que cétait possible, quil en avait lenvie. Une idée tellement belle que, plus de 10 ans après, le maestro évolue toujours dans ce registre ! Cette ouverture et cette proximité avec ses hommes facilitent aussi lobservation de lentraîneur madrilène, aiguisent son attention. Un footballeur qui ne joue pas nest jamais content, et lex- international le sait. Seulement, et cest un vrai défi, ce joueur doit rester concerné. Il faut lui donner lenvie de sentraîner, dêtre utile, car ceux qui ne sentraînent pas bien risquent dinfluer sur lintensité de lentraînement, daffecter léquipe. Cest cela la vraie pression : garder tout le monde motivé !
Savoir vivre sous pression
Pour dire vrai, Carlo Ancelotti a paru presque étonné quon vienne jusquà Madrid solliciter ses conseils sur le management sous pression. Car, à ses yeux, tout cela est normal. Surtout, une vie sans pression nest pas motivante. Je crois que la pression dans mon métier, cest comme de lessence pour une voiture : cela permet davancer, sourit-il. Son visage, certes, naffiche pas toujours la même décontraction au cours dune saison ; mais il dégage rarement une excessive nervosité. Lexpérience, sans doute. Un atout évident dans ces ambiances de travail toujours sous surveillance, toujours sur un fil
, parfois orageuses. Je ne suis pas psychologue mais le vécu engrangé depuis plusieurs années maide à gérer certaines situations, glisse lancien coach du PSG. Et puis, pour vivre sereinement ce métier, il faut savoir aussi saccorder des temps de repos. À la maison, tu dois penser à autre chose. Aller au restaurant avec sa compagne, au cinéma
ou regarder du foot dans son canapé ! Oui, je me repose quand je regarde un match à la TV !, éclate-t-il de rire. Bon, mon entourage pense peut-être que ce nest pas vrai
Plus sérieusement, Ancelotti insiste aussi sur limportance dêtre bien entouré pour gérer le plus sereinement possible ce quotidien parfois difficile. Dans le domaine privé. Mais au niveau professionnel, aussi. Toutes les personnes qui travaillent à mes côtés, je les connais très bien : déjà, il y a mon fils, Davide, qui collabore avec mon préparateur physique, lequel est depuis 20 ans à mes côtés, il y a aussi lentraîneur des gardiens, un fidèle
Cette confiance en mon staff est une chose essentielle : je dois être sûr de mon équipe de travail ! Enfin, à 55 ans, le quintuple vainqueur de la Ligue des Champions (!) rappelle cette évidence, qui nen est souvent plus une dans le tourbillon dune saison, dans ce métier capable parfois de rendre fou (dixit son ex-confrère Rémi Garde)
À lheure du coup denvoi, trois choses peuvent alors tarriver : gagner, faire match nul ou perdre. Pire ? Cest impossible !
Entretien complet disponible en vidéo à l’adresse suivante :
http://www.votrecoach.fr/conseils-de-coach/manager-sous-pression/