Trente-deux ans après l’exploit légendaire du CSP Limoges, l’AS Monaco Basket s’apprête à écrire une nouvelle page du sport français. Ce dimanche à 19h à Abou Dhabi, la « Roca Team » disputera la première finale d’Euroligue de son histoire face au géant turc Fenerbahçe. Une opportunité en or de ramener en France un second titre continental dans la compétition reine, plus de trois décennies après celui décroché à Athènes par les Limougeauds.
L’histoire, presque trop belle, semble écrite par le destin. En 1993, le CSP offrait au basket hexagonal une victoire aussi inespérée qu’historique, battant Trévise dans une finale d’une rare intensité. À cette époque, Monaco, fondé en 1924, venait tout juste de renaître de ses cendres après un dépôt de bilan. Et quand Vassilis Spanoulis, l’actuel coach monégasque, remportait sa troisième Euroligue en tant que joueur en 2013, le club de la Principauté évoluait encore en troisième division française…
Depuis, l’ascension a été fulgurante. Revenu en élite en 2015, auréolé d’un sacre en Eurocoupe en 2021 qui lui ouvre les portes de l’Euroligue, Monaco s’est rapidement installé comme l’un des poids lourds du basket européen. Soutenu par les ambitions financières d’Aleksej Fedoricsev, homme d’affaires russo-hongrois, le club est devenu un habitué du gratin continental : deux quarts de finale, un premier Final Four en 2023, et désormais une finale historique en 2025.
Une revanche dans l’air
Vendredi, Monaco a enfin brisé le plafond de verre en dominant l’Olympiakos (78-68), son bourreau des dernières campagnes. Ce succès l’a propulsé en finale où l’attend Fenerbahçe, un autre rival aux relents de revanche. Les Turcs avaient éliminé les Monégasques en quart de finale l’an dernier, au bout d’un match 5 épique et cruel (80-79 en prolongation).
« On est venus ici pour une mission, on ne l’a pas encore accomplie. On est à quarante minutes de l’Histoire », a déclaré Matthew Strazel après la demi-finale. Peu de célébrations, beaucoup de concentration : à Monaco, chacun semble conscient de la portée d’un tel moment.
Une saison chaotique transformée en épopée
Si l’ASM se retrouve aujourd’hui à la porte du paradis, c’est aussi grâce à sa capacité à survivre aux tempêtes. La saison n’a pas été un long fleuve tranquille : changement d’entraîneur en novembre, une Leaders Cup ratée, des défaites inattendues en Coupe de France… L’arrivée de Vassilis Spanoulis sur le banc a toutefois marqué un tournant.
Surnommé « Kill Bill » pour son mental de compétiteur, l’ex-légende grecque a su imposer une nouvelle culture d’équipe : rigueur défensive, partage du ballon et résilience. « Il a changé notre état d’esprit, il rend les choses plus simples pour tout le monde », confie l’ailier Alpha Diallo. L’expérience de vétérans comme Nick Calathes – discret cette saison mais sacré en 2011 – complète un effectif qui a gagné en maturité.
Mike James, l’héritage des grands
Parmi les figures majeures de cette équipe, Mike James, meilleur marqueur de l’histoire de l’Euroligue, espère enfin décrocher ce titre qui manque à son palmarès. « Cette fois, on est mieux préparés. On a plus d’expérience, et des gars comme Nick (Calathes) font la différence sur plein de détails », analyse-t-il.
En cas de victoire, Monaco ne ferait pas qu’imiter Limoges : il incarnerait le renouveau d’un basket français trop longtemps relégué à l’ombre des puissances espagnoles, grecques ou turques. Un sacre qui récompenserait aussi une décennie de transformation, dans les salles comme dans les ambitions.
À 40 minutes de gloire, la « Roca Team » a rendez-vous avec l’histoire. Celle du basket français. Et peut-être, ce dimanche soir, celle d’un couronnement princier.