Louis van Gaal vient de décrocher avec la sélection néerlandaise un succès de prestige contre l’Espagne (5-1). Une revanche pour un entraîneur aussi mésestimé que décrié.
L’image est belle : à la 44e minute, Robin Van Persie court vers son banc de touche et tape énergiquement dans la main de son entraîneur, après sa tête qui permet aux Néerlandais de marquer leur premier but du match. Quatre autres suivront, tous inscrits face à une défense espagnole apathique, trop hâtivement rendue seule responsable de son inefficacité. Derrière la démonstration néerlandaise se trouve un homme, Louis van Gaal, coach des Oranje depuis 2012 et chef d’orchestre de musiciens solistes qu’il a su habilement tourner vers un collectif bien huilé à même de faire totalement déjouer les Champions du monde en titre.
Les Pays-Bas reviennent de loin. Il y a deux ans, à l’Euro 2012, les finalistes du Mondial sud-africain de 2010 encaissent trois défaites en autant de matches, précipitant la chute du sélectionneur de l’époque, Bert van Marwijk. Louis van Gaal, alors libre de tout contrat, est rappelé par la Fédération néerlandaise après une première expérience peu concluante sur le banc des Oranje, de 2000 à 2002, sans qualification pour la Coupe du monde. Van Gaal modifie tout, jusqu’au traditionnel 4-3-3 batave, et remodèle l’équipe en profondeur. Sur dix rencontres en éliminatoires de la Coupe du monde, ses hommes s’imposent à neuf reprises, marquent 34 buts et relèguent le deuxième du groupe, la Roumanie, à neuf points. La sélection semble remise de son cauchemar de 2012 sous l’égide de l’ancien technicien de l’AZ Alkmaar (2005-2009) et du Bayern Munich (2009-2011).
Van Gaal : On peut encore mieux jouer
Un rythme de croisière perturbé par la blessure du milieu de la Roma Kevin Strootman, un joueur cadre de l’effectif néerlandais : Je n’ai plus qu’à tirer un trait sur un an et demi de préparation, admet le sélectionneur après l’annonce de l’absence du joueur romain, le 10 mars dernier. J’ai du mal à le digérer. Finalement, van Gaal s’adapte, non sans affirmer que son équipe n’est pas la meilleure, et termine les matches de préparation au Mondial brésilien avec deux victoires, contre le Ghana (1-0) et le Pays de Galles (2-0). Si aux Pays-Bas beaucoup doutent de la capacité de Louis van Gaal à mener les Oranje à une nouvelle finale le 13 juillet prochain, le sorcier de 62 ans reste confiant quand les observateurs le voient se faire surclasser par l’armada espagnole.
Et vendredi soir, ses joueurs sont restés en bloc compact, pressant une Roja incapable de porter le danger sur les cages du jeune Jasper Cillessen, 25 ans et dont la première sélection remonte au 7 juin dernier. Mieux, son pressing coulissant avec deux ailiers rapides, combinant avec le trident offensif Sneijder – van Persie – Robben, a étouffé les hommes de Vicente del Bosque, pourtant présenté comme tactiquement supérieur à van Gaal. La manière de marquer était celle que j’attendais, mais pas avec autant de buts, confiait-il un peu surpris après le match. On a montré que c’était très difficile de jouer contre nous (…) et je m’attends à ce qu’on joue encore mieux. Prochains adversaires des bataves, les Australiens sont prévenus : envers et contre tout, Louis van Gaal continue de bâtir sa légende.
Thibaud Le Meneec