Juan Angel Napout, ex-président de la confédération de football d’Amérique du Sud, la Conmebol, écope d’une peine de neuf ans de prison, la plus lourde peine rendue par la justice américaine contre un baron du football sud-américain dans l’affaire du «Fifagate».
Comme l’ex-patron de la Confédération brésilienne José Maria Marin, condamné il y a une semaine à quatre ans de prison, le Paraguayen Juan Angel Napout, 60 ans, avait été reconnu coupable de corruption et prise de pots-de-vin fin décembre, au terme d’un procès à New York. «Il faut une (peine) dissuasive car il y a eu – et il y a peut-être toujours – de la corruption dans le football international», a déclaré la juge fédérale Pamela Chen, en charge du dossier FIFA. Il faut envoyer le message «qu’on ne peut pas voler des millions en pots-de-vin aux fédérations et rester impuni.»
Juan Angel Napout, qui a aussi été condamné à payer 1 million de dollars d’amende et à restituer les 3,3 millions de dollars perçus, «avait une personnalité cachée, une vie cachée», réussissant à perpétuer «l’idée qu’il était un gentil, tout en touchant des pots-de-vin», a ajouté la juge.
20 ans requis contre lui
Six semaines d’audience fin 2017 avaient exposé les millions de dollars de pots-de-vin versés par des sociétés de marketing sportif aux responsables du football d’Amérique latine, en échange des droits de retransmission télé et de promotion de tournois du continent, dont la Copa America et la Copa Libertadores. Le procureur avait réclamé une peine minimum de 20 ans de prison. Il avait qualifié Juan Angel Napout de «l’un des plus coupables» parmi les 42 responsables du football accusés de corruption par la justice américaine. «Il est personnellement responsable d’avoir perpétué et élargi la corruption dans le football à un moment où le système avait le plus besoin de réforme», avait écrit le procureur avant la sentence.
Napout, qui était également président de la fédération paraguayenne, a été accusé d’avoir reçu plus 3,3 millions de dollars de pots-de-vin – via des virements quasi mensuels – et d’avoir accepté d’en recevoir plus de 20 millions de dollars supplémentaires, jusqu’en 2026. Il a aussi tenté de détruire les preuves contre lui en essayant de dissimuler son ordinateur, après l’arrestation de sept responsables de la FIFA en mai 2015 à Zurich, qui avait révélé l’enquête américaine.