Vainqueur du Tour de France 2018 et figure respectée du peloton depuis près de deux décennies, Geraint Thomas tirera dimanche sa révérence à 39 ans, avec une sortie à son image : joyeuse, populaire et un brin désordonnée.
À l’arrivée du Tour de Grande-Bretagne, près de 4.000 personnes sont attendues dans le château de Cardiff pour fêter la retraite du vétéran d’Ineos. « Je ne pouvais pas finir sans un vrai au revoir, non ? », sourit celui qui, dans un cyclisme toujours plus ascétique, n’a jamais renoncé à ses moments de relâche. Sa tournée des pubs de Cardiff en 2023 en témoigne : « J’ai dû être saoul 12 jours sur 14 », plaisantait-il alors.
Mais derrière l’épicurien se cache un coureur rigoureux, dont la longévité parle d’elle-même. Né à Cardiff en 1986, initié au vélo sur la piste de Maindy, il brille d’abord sur les vélodromes avec deux titres olympiques en poursuite par équipes (2008 et 2012), avant de basculer vers la route.
L’apothéose de 2018
Allégé d’une dizaine de kilos, il devient l’un des lieutenants clés de Chris Froome, avant d’écrire sa propre légende. Vainqueur de Paris-Nice (2016) puis du Dauphiné (2018), il touche au Graal cette même année en remportant le Tour de France, porté par une victoire d’étape à l’Alpe d’Huez et son maillot jaune solidement défendu.
Il grimpe encore sur le podium à Paris en 2019 (2e derrière Bernal) puis en 2022 (3e), et manque de peu le Giro 2023, battu de 14 secondes par Roglic. Mais le palmarès ne s’étoffe plus guère : trois succès après son Tour victorieux pour un total de 25, avant de se consacrer bientôt à l’encadrement d’Ineos. Cet été, il a terminé son 14e Tour, anonyme 58e et doyen du peloton. « Le sport a changé, c’est pour les jeunes. Moi, je suis trop vieux », lâchait-il sur les Champs-Élysées.
Derniers tours de roue
Ces dernières saisons, Thomas s’est mué en mentor, apprécié pour son humour caustique et son podcast à succès avec Luke Rowe, désormais directeur sportif chez Decathlon-AG2R. Les deux amis promettent une soirée « épique » dimanche à Cardiff.
D’ici là, « G » savoure ses derniers kilomètres, sur un vélo orné d’un dragon et un maillot retraçant sa carrière. La dernière étape s’annonce hautement symbolique : départ de Newport, à côté du vélodrome qui porte son nom, passage devant la maison familiale et les lieux de sa jeunesse, puis arrivée dans sa ville natale.
« Cette année a été une succession de dernières fois, mais là ça devient concret, expliquait-il mardi. C’est comme Noël quand on est gosse : ça paraît loin, puis ça arrive d’un coup. Je sais que c’est le bon moment. Mais ça fait quand même drôle. »


