Ce vendredi, Tony Yoka défend sa ceinture de champion de l’Union Européenne contre le Croate Petar Milas. Le combat aura lieu sur le central de Roland-Garros !
Toujours dans sa phase de « conquête » d’un titre mondial chez les pros, le champion olympique de Rio 2016 manie mieux que personne l’art de la mise en scène. Pour son nouveau combat, Tony Yoka a choisi Roland-Garros. L’antre du tennis présente deux attraits : celui de pouvoir accueillir 8.000 spectateurs… et surtout celui de créer le buzz. Pourtant, Roland-Garros a déjà accueilli des combats de boxe. Entre 1931 et 1974, Marcel Cerdan, Carlos Monzon ou encore Jean-Claude Bouttier ont combattu dans le célèbre stade parisien dédié au tennis.
Tony Yoka veut donc renouer avec le prestige du lieu… pour faire oublier le faible prestige de l’affiche proposée ? Car là est la limite de la méthode. Tony Yoka n’a toujours pas affronté de top combattant mondial. Et Petar Milas n’échappera pas à la règle. « C’est très compliqué de trouver des adversaires pour Tony Yoka », se défend son promoteur Jérôme Abiteboul. « Quand vous devez affronter le champion olympique, les prétentions salariales ne sont souvent pas réalistes et, dans le haut du tableau, les boxeurs ne souhaitent le combattre que pour un titre. Dans le Top 20 mondial, il y a aussi beaucoup d’Anglais et d’Américains et les droits télés dans ces pays sont dix fois plus importants que chez nous. On est donc aussi confrontés à une réalité économique. »
Le boxeur est impatient d’avoir une chance mondiale… son promoteur beaucoup moins
Et si la vérité était ailleurs ? Tony Yoka a-t-il l’ombre d’une chance d’affronter les meilleurs mondiaux ? Un combat pour le titre ne risquerait-il pas de précipiter la fin de carrière du Français ? Son promoteur s’en défend. « On est dans le plan de carrière qui était le nôtre depuis le départ, c’est-à-dire de monter une marche à chaque fois sans se brûler les ailes et sans vouloir aller trop vite parce que ça ne sert à rien », détaille Abiteboul. Mais Tony Yoka sait que son potentiel est mis en doute et rêve de faire taire ses détracteurs. « Cela fait quelque temps que je dis que je suis prêt. J’attends ma chance et qu’on me laisse boxer face à un nom, pour que je montre que je peux le battre. Mon promoteur et mon manageur essayent de me calmer un petit peu, mais je suis fatigué de me battre contre des gars qui sont derrière moi. Je veux du haut niveau. Joe Joyce, Joseph Parker, Dillian White, Dereck Chisora: n’importe qui, on prend. » Son promoteur ne l’entend pas de cette oreille. « Le public voudrait le voir boxer contre Anthony Joshua et Tyson Fury mais ce n’est pas aussi simple que ça. La prochaine étape devrait être un titre EBU (Championnat d’Europe, ndlr) d’ici deux combats, et on espère un Championnat du monde à son 14e ou 15e combat », précise Abiteboul… qui semble pour l’heure parfaitement satisfaire de remplir le central de Roland-Garros.