Après notre point sur la Conférence Est, place à l’Ouest. Avant la dernière ligne droite de la saison régulière, deux monstres émergent : Golden State et San Antonio. Mais la conférence est aussi riche de nombreuses franchises en devenir. Le point complet et avisé de notre expert, consultant pour le basket de haut niveau en France et à l’étranger, le Doc NBA.
1) Golden State
Une saison résumée en un chiffre : 90% de victoires ! Il aurait été difficile d’imaginer une saison aussi extraordinaire après le titre de 2015. Mais probablement un peu vexé par les critiques sur le côté chanceux de leur victoire (difficile de comprendre le sens de la critique du reste) les Warriors sont en train de faire une saison pour l’histoire, explosant records de victoires, de points, d’adresse, etc. Meilleure attaque NBA (115 points de moyenne), meilleure équipe à la passe, meilleur pourcentage à trois points… Reste une dizaine de matchs pour faire tomber le légendaire bilan de 72-10 des inciviBulls. Or les Warriors sont en avance sur le calendrier de l’équipe mythique des années 90.
A titre individuel, on manque de superlatifs pour décrire le phénomène Stephen Curry. Délié, ultra rapide, dribbleur de génie, travailleur inlassable, et pour couronner le tout hautement sympathique, Steph et sa tête d’ange ont rendu l’expression mauvais tir obsolète. Oui, un tir à trois points, deux mètres derrière la ligne, en déséquilibre et après deux cross over et un dribble dans le dos… ça reste un bon shoot pour le futur double MVP de la league. Car aucun suspense là dessus : Steph Curry s’envole vers un doublé, voire vers un vote unanime au vue de ses stats délirantes : 30pts (meilleur marqueur NBA), 6 passes, 5 rbds, 2 steals, à 51% aux tirs, 46% à 3pts et 90% aux lancers.
On n’oubliera pas bien sûr ses fidèles lieutenants que sont Klay Thompson, lui aussi auteur d’une saison incroyable et 11e marqueur NBA (22pts), ou le Boris Diaw nouveau, Draymond Green. Merveille de polyvalence (13 pts, 10 rbds, 7,5 passes, 1 block) qui réussit l’exploit d’être 6e meilleur passeur NBA en jouant intérieur ! Le banc n’est pas en reste et tout autre résultat que le doublé serait au final une déception pour les hommes du toujours affable, modeste, et hilarant Steve Kerr.
2) San Antonio
Avec un bilan hallucinant de 61-11, on l’oublierait presque, mais dans l’absolu, les Spurs eux aussi pourraient toujours faire chuter le record des Bulls ou l’égaler ! La maison Spurs, revigorée par l’arrivée du All Star en provenance de Portland,LaMarcus Aldridge et par l’émergence progressive de Kawhi Leonard en tant que nouvelle superstar, tourne à plein régime. Comme pour Golden State, le banc est impressionnant et bien sûr, comme toujours, le coaching est l’un des plus intelligent et efficace de toute la Ligue.
Modèle absolu de constance et de réussite dans le sport américain, la série en chiffre de San Antonio depuis 1997 résume à elle seule l’incroyable régularité des équipes coachées par Popovich : 19e saison consécutive avec un bilan positif à l’extérieur, 19e saison consécutive avec des adversaires à moins de 100 pts/match, 19e saison consécutive avec un pourcentage de victoires au dessus de 60% (85% cette année), 19e saison consécutive en playoffs, et 5 titres NBA… What else ?
Les Spurs viseront à nouveau le titre. Comme chaque année. On pourrait les juger un peu vieillissants… Comme chaque année. Reste que ce sera sûrement la dernière danse pour Duncan et Ginobili…jusqu’à l’année prochaine.
3) Oklahoma City
Que fera Kevin Durant en cas de nouvelle déception en playoffs ? Car si le duo star KD – Russell Westbrook continue de casser la baraque et d’afficher de superbes stats (24 pts, 10 passes, 8 rbds pour RW et 28 pts, 8 rbds, 5 passes pour KD), OKC semble limité dans ses ambitions, la faute à un banc de piètre qualité, un managérat douteux et un coaching encore aléatoire. L’incapacité des dirigeants d’OKC à conserver (après le départ de James Harden), le talent de Reggie Jackson parti pour Détroit, a de quoi inquiéter. Il manque clairement un troisième scoreur au Thunder et si le 5 majeur reste costaud, le groupe risque de toucher ses limites face aux Spurs ou aux Warriors. Une nouvelle campagne de playoffs ratée et l’une des stars du duo pourrait avoir dès lors avoir une forte envie d’ailleurs.
4/5) Clippers – Grizzlies
La malédiction ne semble pas encore complétement brisée chez les Clippers. L’effectif est pourtant solide mais entre la suspension et la blessure de Blake Griffin qui n’a joué que 30 matchs et le fiasco du recrutement de Lance Stephenson (désormais joueur de Memphis), la saison des Clippers ne s’est vraiment pas déroulée comme prévu. Reste le talent intact du chef d’orchestre Chris Paul (20 pts, 10 passes, 2 steals), l’abattage de DeAndre Jordan (13 pts, 14 rbds, 2 blocks), l’apport du petit nouveau Jeff Green et le shoot, toujours aussi fiable, de JJ Redick (16 pts à 48% à 2pts et à 3 pts !). Maintenant, demeure surtout l’espoir d’un retour de Blake pour les playoffs. cela suffira-t-il pour aller loin dans le tableau final ? La meilleure équipe de la cité des Anges reste dans le doute. Même une défaite au 1er tour n’est pas inenvisageable si tout se goupille mal.
A Memphis, c’est la constance. Mais on a dû composer avec beaucoup de blessures dont celle du peut être meilleur pivot de la league, Marc Gasol. A celle-ci s’est ajoutée celles du meneur Mike Conley et de l’ailier Zach Randolph sur de longues périodes. Malgré cela, Les Grizzlies continuent à jouer et défendre dur. Lance Stephenson revit depuis son arrivée dans l’équipe. Memphis demeure une équipe de playoffs qui sera toujours difficile à sortir. Avec les retours de plusieurs starters, leurs adversaires devront se méfier… et surtout ne pas trop se réjouir de tomber sur eux au 1er tour.
6/7/8) Portland, Houston, Dallas
Portland est une des équipes surprise de la saison. Au vu de son effectif, en partie décimée lors de la dernière intersaison, (avec notamment le départ de Nicolas Batum pour Charlotte), on pouvait craindre le pire pour la franchise de l’Oregon. Oui, mais Lilliard est arrrivéeee-é-é (il s’est un peu pressé par contre). L’explosif meneur sort une saison superbe (25 pts, 7 passes, 4 rbds) et il a bénéficié à ses côtés de l’éclosion – ou plutôt de la révélation totale – de l’année : l’arrière CJ Mc Collum. Pour son troisième exercice NBA, ce dernier est passé tout simplement de 6 pts à près de… 21pts par match ! Il est l’immense favori pour le titre de Most Improved Player (MIP). Dans un style up-tempo qui n’est pas loin de rappeler celui des Warriors, privilégiant le tir extérieur, Portland a su jouer sur ses qualités et se retrouve en position favorable dans la course à 4 (avec Utah, Houston, et Dallas) pour une place en playoffs.
Houston se retrouve à l’inverse un peu plus bas que l’on pouvait le penser. Dwight Howard n’est plus le joueur dominant qu’il a été (14 pts, 12 rbds quand même) et si James Harden est un génie de l’attaque, le problème est qu’il est aussi bon de ce côté du terrain que mauvais de l’autre. Véritable passoire en défense, le barbu le plus célèbre de la ligue n’en sort pas moins de très jolies stats avec 28 pts, 7 passes et 6 rbds. Les arrivées de Josh Smith et de Michael Beasley ont bien renforcé le banc mais pas sûr que l’on puisse avoir de grandes ambitions pour l’équipe, au delà du mois d’avril.
Dallas, enfin, a manqué son grand coup de l’été avec l’épisode rocambolesque du recrutement raté de DeAndre Jordan. Restait donc un grand vide au poste 5 qu’a comblé assez brillamment le vétéran Zaza Pachulia, même pas si loin d’accrocher un place de All Star avec ses 9 pts et 10 rbds de moyenne. Pour le reste, Dirk Nowitzki reste égal à lui même mais ne rajeunit pas, Deron Williams ne montre plus son talent que par éclairs et le banc, plutôt bien fourni en profondeur, est limitée en talent. Le soucis de Dallas est sans doute d’avoir offert des contrats en or (plus de 15 millions la saison) à deux joueurs, Wes Mathews et Chandler Parsons, qui culminent péniblement à 12 pts et 13 pts par match. Ce qui fait cher le panier ! Mais pourquoi pas une petite surprise en playoffs pour cette équipe expérimentée et très bien coaché par Rick Carlisle.
Les autres :
Utah peut toujours accrocher les playoffs. Ce malgré les blessures pour la saison du meneur australien Dante Exum, puis celle du très productif Alec Burks, et le tout avec un effectif dénué de réelles stars. C’est dire si Kirk Snyder a fait un fantastique boulot au coaching. Il a notamment pu compter sur plusieurs joueurs sous estimés, à commencer par l’ailier Gordon Hayward (20 pts, 5 rbds, 5 passes), et l’intérieur Derrick Favors (17 pts, 8 rbds, 1,5 blk). Enfin le Jazz est aussi désormais synonyme du stiffle Tower. Véritable tour de contrôle du Jazz, cette saison fut aussi celle l’explosion pour le pivot français Rudy Gobert avec presque un double double en moyenne en plus d’être le 3e meilleur contreur de la ligue avec plus de 2 par match.
Denver a joué de malchance. Mais un effectif jeune, plus les blessures de Danilo Gallinari et de Wilson Chandler, cela faisait un peu beaucoup à surmonter. On suivra les parcours des deux français Joffrey Lauvergne (malheureusement privé d’un vrai temps de jeu) et du dernier venu Axel Toupane qui a su se faire une place dans l’effectif et décrocher un contrat chez les Nuggets. Beaucoup de jeunes talents et donc de motifs d’espoirs dans cette franchise avec notamment : le pivot Jokic (20 ans) et le meneur Mudiay (21 ans) titulaires tous les deux sur une grande partie de la saison.
Sacramento ne manque pas de talent, mais cette équipe semble à l’image de son pivot All Star, Demarcus Cousins (27 pts, 11 rbds), au bord de l’explosion permanente. Très peu de constance aux Kings malgré l’arrivée de Rondo pour organiser le tout et qui a sorti une jolie saison (12 pts, 12 passes et 6 rbds) à titre individuelle.
Dans la catégorie « blessures à gogo » difficile de faire pire que la Nouvelle Orléans qui joue désormais sans son 5 majeur plus Ryan Anderson.
A Minnesota, les lendemains peuvent chanter avec une collection de jeunes talents. Le futur Rookie of the Year (ROY), Karl Anthony Towns est une merveille (18 pts, 10 rbds, 2blks). Capable de jouer au poste tel un vétéran comme de tirer à trois points, il s’affiche comme un futur All Star en puissance. Et si le ROY de l’année passée, le canadien Andrew Wiggins est assez unidimensionnel, il tourne quand même déjà à 20 pts par match. Enfin et surtout, le double vainqueur du concours de dunk, Zach Lavine, prouve jour après jour qu’il est plus qu’un high-flyer. Il affiche 14 pts par match et même 20 sur les dix derniers games.
Phoenix aura la satisfaction de posséder également une perle avec le tout jeune Devin Booker. A seulement 19 ans cet arrière shooteur, hyper élégant et facile, tourne déjà à 13 pts et même 23 pts et 5 passes sur les dix derniers matchs. Impressionnant.
Les Lakers enfin auront rempli leur objectif : proposer une jolie tournée d’adieux à la légende Kobe Bryant. A sa propre surprise, le black mamba est ovationné dans toutes les salles où il joue depuis l’annonce de sa retraite. Il va nous manquer.
Le Doc NBA