JO 2020 / Aviron : une très belle revanche pour le duo Androdias – Boucheron

Il y a quelques heures le duo français Mathieu Androdias – Hugo Boucheron a décroché la médaille d’or olympique sur l’épreuve d’aviron du deux de couple.

Les tricolores ont envoyé un message fort et ont confirmé leur magnifique progression sur le bassin de Tokyo. Après ce succès exceptionnel, ils ont répondu aux questions des journalistes lors de la conférence de presse. C’est aujourd’hui une belle revanche pour ceux qui s’entraînent à Lyon dans le Rhône.

Une course très accrochée, comment l’avez-vous vécue ?

Androdias : « Il y a eu de la pression tout du long, avec notamment un beau coude-à-coude avec les Hollandais. J’ai fait une fausse pelle dans les premiers 500 m, ça nous a remis dans la meute. Il a fallu se remobiliser pour ne pas perdre le rythme. Sur la fin, c’était un coup d’adrénaline énorme. Je les vois du coin de l’oeil (les Hollandais). Tout s’est joué au physique. Si on avait ramé beau, on aurait été derrière, il a fallu abandonner ce qu’on aime faire pour s’engager fort. (…) On a envoyé tout ce qui restait et, sur la ligne, je ne réalise pas du tout sur le coup (qu’on a gagné). »

Boucheron : « J’étais en mode chien de chasse. Je fais une faute dans les 500 derniers mètres, et là je me dis +c’est pas possible d’être aussi bête+. Pendant la course, en fait, j’étais un peu ailleurs. (…) J’avais une partie du cerveau en panique, l’autre était agressive et sereine, c’était une partie de ping pong dans ma tête. Et quand on gagne, je ne sais pas trop ce qui se passe ».

On vous a senti très émus sur le podium. Qu’est-ce qu’il s’est passé dans votre tête à ce moment-là ?

Androdias : « J’ai craqué en me rendant compte de tout le chemin parcouru. Je pense à toutes les +baffes+ qu’on a prises. Mais c’était un chemin par lequel on devait passer. On ne serait pas allé aussi loin sans toutes ces claques. (…) Notre parcours a été accidenté aussi bien individuellement qu’ensemble. Il y a eu beaucoup d’incompréhensions, de remises en question. A certains moments, on a failli raccrocher les pelles. A chaque défaite, on a déconstruit pour se reconstruire plus fort. On s’est entouré pour casser le plafond, on savait qu’on pouvait le faire. Notre frustration, on en a fait un carburant ».

Boucheron : « Sur le podium, il y a eu pas mal d’émotions. J’ai pensé à mon père (…) et puis à notre parcours. On a eu deux ans de creux, pendant lesquels on s’est entraîné très dur, très fort. (…) Gagner une course, ça peut sembler facile à l’écran, mais pour nous ça a été un long chemin d’angoisse et de difficultés ».

Vous ramez ensemble depuis six ans, c’est votre expérience qui a fait la différence. Racontez-nous comment vous avez construit tout ça…

Boucheron : « On est aussi différent que nos cheveux (rires). Dans nos réactions, dans notre façon de raisonner. Mais à la fin, on finit toujours par se rejoindre et avoir les mêmes idées. »

Androdias : « On a énormément travaillé sur l’humain, c’est une médaille entre potes qu’on est allé chercher avec le lien qu’on a construit. Pourtant, moi à la base, ce qui m’intéressait, c’était d’être tout seul. Quand on m’a présenté Hugo, au début je m’en foutais. On m’a un peu forcé (…) Ça n’a pas été que du bonheur. Il a fallu construire une complémentarité là où moi je ne voyais que des différences. Je pensais que, pour réussir, il fallait qu’on soit identiques. (…) Mais un jour, j’ai pris conscience qu’il fallait que je lui fasse de la place, et à partir de là, tout s’est enclenché. Aujourd’hui, notre différence c’est notre force ».

Propos recueillis en zone mixte