Médaillé d’argent du décathlon des Jeux olympiques de Tokyo malgré des problèmes au dos, le Français Kevin Mayer a déclaré avoir « un sentiment d’accomplissement » malgré son échec dans la quête de l’or, jeudi.
Quelle saveur a cette médaille d’argent?
« La saveur du guerrier, du phénix qui renaît de ses cendres. C’est un sentiment d’accomplissement que j’ai rarement eu. A part sur les deux épreuves sur lesquelles j’ai pu m’exprimer (hauteur et javelot, NDLR), c’était l’enfer de A à Z. Ce n’était que douleur, attente et stress. Je savais que sur le javelot, si je ne mettais pas dix mètres à Pierce Lepage (4e) et à Ashley Moloney (3e), ce serait très dur sur le 1.500 m. Sortir un tel jet au javelot (record personnel à 73,99 m, NDLR) avec la fatigue que j’avais, avec les jambes que j’avais, avec le dos que j’avais, avec le mollet que j’avais, c’était l’un des plus beaux moments de ma vie. Je fais du sport pour ces moments-là. Aujourd’hui, malgré ce lumbago merdeux que j’ai eu une semaine avant, je crois que physiquement j’ai tout remis à leur place. Je n’ai plus aucune limite. Pendant tout le décathlon, j’ai pensé à Eugene (Mondiaux-2022, NDLR), Munich (Euro-2022, NDLR), Paris (JO-2024, NDLR). Toute l’expérience que j’ai acquise dans la douleur va me servir pour la suite. »
Est-ce que ce décathlon aurait été différent sans vos douleurs au dos?
« Sans vouloir me la péter, je savais que j’avais de quoi être en bataille avec Warner. Même s’il faisait 9.000 points, je savais que j’aurais pu y aller. »
Est-ce qu’il y de la frustration du coup?
« Non, le décathlon, ce n’est pas ça. C’est les tripes que l’on sort le jour-J. Je suis tellement fier d’avoir fait une médaille d’argent dans ces conditions. Avant-hier, je ne savais pas si je pourrais faire ce décathlon. Je n’en reviens toujours pas d’avoir fini ce décathlon. C’est un bonheur énorme. Je suis en train d’évoluer en tant qu’athlète pour aller chercher des choses vraiment très grandes. Cela met du temps, mais un jour ça va sortir… Ce n’est que le début. J’ai été au fond du trou durant tout le décathlon et l’ascenseur émotionnel avec la médaille à la fin a été incroyable et plus jouissif qu’à Rio (2e en 2016, NDLR). J’étais face à un mur et je l’ai cassé avec ma tête tout le long. »
Les JO de Paris-2024, c’est loin ou c’est demain pour vous?
« Je sais que j’avais le potentiel pour faire une médaille d’or sans ce dos. Mais c’est arrivé et j’ai rebondi pour faire le mieux possible. Une médaille d’or olympique a plus de valeur qu’une autre médaille, mais je fais de l’athlétisme parce que je kiffe ça. Après, les médailles viennent ou ne viennent pas. »