Parti de Bordeaux cet été après trois ans au club, Francis Gillot défend sa méthode et son bilan. Le technicien refuse d’être considéré comme défensif ou dépressif et juge avoir été victime du délit de sale gueule.
J’ai tellement été défoncé… Il n’avait pas encore parlé depuis son départ de Bordeaux cet été. Francis Gillot est sorti de son silence dans les colonnes de l’Equipe. Taxé de dépressif, d’entraîneur défensif, ou d’ennemi de la Coupe d’Europe, où il alignait souvent une équipe bis, celui qui est resté trois ans en Gironde se défend. La Coupe d’Europe ? J’ai laissé des joueurs au repos car on était mal classés en L 1. Si j’avais été égoïste, j’aurais dit : je m’en fous si on descend, je joue la Coupe d’Europe à fond car un entraîneur se fait plus repérer là. Entraîneur défensif ? Sur 400 matches, j’ai dû en jouer 350 avec deux attaquants. Je n’ai jamais empêché mes latéraux de monter !, avance-t-il, conscient que son management peut déranger. De là à dire que j’étais dépressif ! C’est une maladie, attention aux mots. O.K., j’ai une certaine méthode, je ne ménage pas les joueurs. On disait que je faisais la gueule. Ça m’est arrivé, explique Gillot.
Les problèmes d’argent de Bordeaux
Selon lui, il a été victime de cette image renvoyée : Le délit de sale gueule, c’est de ne pas être dans les normes. Je sais bien qu’on est dans une ère du tout-image mais on ne va pas tous sourire comme des ‘beubeus’. Même constat pour sa communication avec les médias, qui lui a coûté son poste. Je me suis isolé tout seul, en fait. Je savais ce qui allait m’arriver mais je ne voulais pas entrer dans leur jeu. Malgré tout, il défend son bilan avec les Girondins, avec qui il a remporté la Coupe de France en 2013 notamment : Je suis arrivé à une époque où il n’y avait pas d’argent. Je connaissais l’effectif mais on se dit : ‘Ils vont trouver de l’argent.’ Mais, au lieu de recruter, on laisse partir. Le mauvais moment a été le départ de Gouffran (en janvier 2013). Quand on n’est pas content, on s’en va. Triaud – avec qui je suis resté en bons termes, comme avec de nombreuses personnes au club – a eu du mal à comprendre mais c’était aussi l’intérêt de Bordeaux que je parte. On a fait 5e, 7e, 7e, je n’arrivais pas à donner plus avec cet effectif.
Aucun contact en France
Difficile du coup pour lui de s’emballer devant le début de saison effectué par Willy Sagnol son successeur sur le banc aquitain. Il nous est arrivé de faire de bonnes séries. Après, c’est un peu comme l’OM : les joueurs se remettent en question après une saison pourrie. Il faudra juger sur la longueur, explique l’ancien entraîneur de Lens ou Sochaux, qui attend désormais un nouveau défi à relever. J’ai eu des contacts mais pas le type de challenge que je veux relever. Je vais être honnête, il n’y en a pas eu beaucoup. Aucun club français ne m’a appelé. A croire qu’il est difficile de se défaire d’une image négative…