La victoire du RC Cannes lors de la finale du championnat de France (le vingtième titre de champion de France de volley féminin, le dix-huitième consécutif) était le dernier match de Victoria Ravva. L’icône du volley-ball français met un terme à sa carrière sur un dix-neuvième sacre personnel en championnat de France.
Finir sa carrière sur un match aussi difficile, c’est juste un truc de fou. Je ne pouvais pas imaginer mieux, s’est réjouie Ravva, auteure de 19 points lors de l’une des soirées les plus stressantes de sa carrière, à la Halle Carpentier à Paris. Le Racing club, vaisseau amiral de la Ligue A, et sa mythique capitaine Vica y ont sans doute remporté leur finale la plus difficile en Championnat contre leurs voisines du Cannet après avoir été menés 2 sets à 0 et être passés à deux points de la défaite dans la quatrième manche.
Tout est donc bien qui finit bien pour la centrale d’origine géorgienne, née il y a près de quarante ans à Tbilissi, qui a scellé dans l’apothéose la fin de deux décennies d’histoire d’amour avec le club azuréen, marquées par des trophées en pagaille. Ravva représente tout simplement l’un des plus beaux palmarès du sport collectif français. A son arrivée en 1995, l’équipe azuréenne n’avait remporté qu’une fois le Championnat. Vingt ans plus tard, Cannes pèse vingt titres de champion de France, dix-huit coupes nationales et deux Ligues des champions (2002 et 2003). Doté d’une plastique plus qu’avantageuse et d’un vrai sens du relationnel, Ravva est une personnalité connue au-delà du petit monde du volley. Pour ses proches, comme la présidente du RC Cannes Anny Courtade et son amie Karine Salinas, ex-passeuse des Bleues, cette enfant de volleyeurs, mariée à un volleyeur (le franco-géorgien Alexandre Jioshvili) est incontestablement la joueuse la plus emblématique de l’histoire en France. C’est une bête de travail qui se connaît très bien. C’est pour cela qu’elle a réussi à durer aussi longtemps, souligne Salinas, qui a évolué à ses côtés durant onze saisons à Cannes. Elle a un talent magnifique, ce qui en a fait l’une des meilleures joueuses du monde. C’est aussi une femme conviviale, douée pour la communication et au grand coeur, ajoute Courtade qui l’avait recrutée en 1995 à Ankara (Turquie) en débloquant des problèmes de passeport.
La liane d’1,89 m, qui a joué pour les équipes nationales de l’URSS, de Géorgie et d’Azerbaïdjan, avant de devenir internationale française à la suite de sa naturalisation en 2002, lui en a été reconnaissante en ne quittant plus Cannes malgré les appels du pied de grandes écuries européennes. Victoria, c’est le rêve pour un entraîneur, dit à son sujet Yan Fang, coach de Cannes depuis 1993, qui en a fait son relais sur le terrain et aurait aimé qu’elle rempile pour une année. Mais Ravva, usée par le haut niveau et les pépins physiques, a choisi de tirer sa révérence. Elle doit passer un diplôme dans le management pour prendre ensuite de nouvelles fonctions dans son club fétiche ou ailleurs. C’est elle qui en décidera mais je pense qu’elle ne restera jamais très loin de Cannes, estime Courtade.