La 3ème journée du premier Grand Chelem de la saison vient de s’achever, l’occasion de faire un bilan sur les performances françaises à ce stade. Après une année 2021 noire, durant laquelle aucun représentant français (masculin et féminin) n’a atteint le stade des huitièmes de finale lors des 4 grands chelems, nos tricolores ont-ils une chance de rompre cette série dès cet Open d’Australie ? Peuvent-ils même espérer aller plus loin que le stade des huitièmes ?
17 tricolores étaient alignés à l’entame du Grand Chelem australien, et 6 sont encore en lice au terme de la troisième nuit à Melbourne. Gaël Monfils, Adrian Mannarino, Benoit Paire, Arthur Rinderknech et Richard Gasquet du côté masculin, et Alizé Cornet seule rescapée du tableau féminin.
Gasquet, le baroud d’honneur ?
Richard Gasquet (35 ans, ATP 81) retrouvait le site de Melbourne après trois éditions manquées, lui qui avait déjà atteint à trois reprises le stade des huitièmes de finale ici. Le tombeur surprise d’Ugo Humbert au premier tour affrontera le Néerlandais Botic Van de Zandschulp (26 ans, ATP 57) pour son deuxième match. Une rencontre où il est logique outsider tant le joueur des Pays-Bas impressionne depuis son quart de finale au précédent US Open, néanmoins « Richie » a montré qu’il n’a toujours pas perdu son talent et sa main magique, et qu’il est encore capable de montrer de belles choses sur le terrain. La seule interrogation réside sur sa capacité à tenir physiquement. C’est pourquoi nous le voyons au mieux passer encore un tour avant de s’arrêter face au vainqueur du duel Medvedev/Kyrgios.
La révélation Rinderknech
Arthur Rinderknech (26 ans, ATP 48) était sur un nuage après son succès en 5 manches face à Popyrin au premier tour, mais il faudra avoir atterri au moment de fouler le court pour son deuxième match, où il sera opposé au solide britannique Dan Evans (31 ans, ATP 24). Les deux hommes connaissent un très bon début de saison avec une première finale en ATP pour le français et un bilan de 6v et 1d pour Evans. Dans une confrontation de style, on peut imaginer une rencontre équilibrée où Evans reste néanmoins légèrement favori. Si le joueur français passe son deuxième tour, il aura fort à faire au tour suivant où il rencontrerait probablement le canadien Félix Auger-Aliassime, 9ème mondial et récent vainqueur de l’ATP Cup. Arthur écope donc logiquement d’une partie de tableau relevée, mais où tout reste possible si le français parvient à réaliser de bons matchs.
Benoît Paire, la résurrection
Benoît Paire (32 ans, ATP 56) a remporté un match en cinq sets, ce qui est probablement la dernière chose à laquelle on s’attendait à l’Open d’Australie, mais c’est arrivé dès le premier tour. Le Français a passé près de quatre heures sur le court lors de sa remarquable victoire contre Thiago Monteiro au premier tour. Il sera intéressant de voir si l’Avignonnais peut maintenir ce niveau et continuer de montrer cet engagement lors de son prochain match face à Grigor Dimitrov (30 ans, ATP 28). Le bulgare adore le sol australien, où il a atteint au moins les quarts de finale lors de ses trois dernières apparitions. Il fera logiquement office de favori face à Benoit puisqu’il s’est mieux comporté que le français lors des derniers mois, bien que Paire mène 2-1 au niveau des face-à-face avec le bulgare.
La sensation Mannarino
Adrian Mannarino (33 ans, ATP 69) a lui disputé son deuxième tour ce mercredi et a crée la sensation en évinçant le Polonais Hubert Hurkacz (24 ans, ATP 11) en trois petits sets (6/4 6/2 6/3). Le français a fait preuve d’une solidité impressionnante pour venir à bout du 11ème mondial et semble retrouver son niveau petit à petit après une saison 2021 compliquée. Il égale son meilleur résultat à l’Open d’Australie en atteignant à nouveau le troisième tour, où il sera confronté à Aslan Karatsev (28 ans, ATP 15). Le russe, demi-finaliste l’an dernier à Melbourne, reste sur 6 victoires consécutives et affiche de très belles garanties. Mais il pourrait être fatigué avec cet enchainement de matchs compliqués, ce qui jouerait en faveur de Mannarino qui devrait le gêner avec son jeu régulier et « cotonneux ». En cas de victoire, la suite semble difficile pour le français qui jouerait le vainqueur du match entre Nadal et Khachanov en huitièmes de finale.
Monfils : maintenant ou jamais ?
Enfin, il est temps d’évoquer Gaël Monfils (35 ans, ATP 20), qui se présente certainement comme le Français programmé pour aller le plus loin dans cet Open d’Australie. Le Parisien n’a fait qu’une bouchée du kazakh Alexander Bublik (24 ans, ATP 37) pour se hisser au troisième tour avec un peu plus de 3 heures de matchs dans les pattes en deux matchs. Bénéficiaire direct de l’éviction de Novak Djokovic, Monfils est désormais favori de son quart de tableau. Le tricolore affrontera Garin (25 ans, ATP 19) face auquel il sera ultra-favori. Le Chilien, spécialiste de terre et sortant de deux matchs en 5 sets avec près de 10 heures dans les jambes, risque d’accuser le coup face à la forme de Monfils. Par la suite, La Monf aurait un match complètement à sa portée en huitièmes de finale puisqu’il affronterait le vainqueur du match entre Kecmanovic et Sonego. Nous l’envoyons donc avec optimisme en quart de finale, où il rencontrerait quoi qu’il advienne un joueur dangereux (Berrettini, Alcaraz, Carreno-Busta ou Korda). Le français devra évidemment se méfier, notamment d’Alcaraz et Berrettini, mais il reste néanmoins tout à fait capable de battre chacun de ces joueurs s’il saisit sa chance à fond. C’est pourquoi l’espoir d’une demi-finale contre Zverev ou Nadal ne semble pas complètement utopique, et pourquoi pas viser encore plus loin ? A Gaël de nous donner raison !
Cornet, seule au monde
Du côté féminin, Alizé Cornet (31 ans, WTA 61) est la dernière représentante tricolore après l’abandon d’Harmony Tan ce matin. Cornet a réalisé un match sérieux au premier tour contre Tomova et sera opposée à la tombeuse de Clara Burel au prochain tour, Garbine Muguruza (28 ans, WTA 3). L’espagnole sera une solide favorite alors qu’elle va rencontrer une deuxième française en deux tours. Néanmoins, Cornet peut présenter un danger pour Muguruza puisque les deux joueuses sont à 2-2 dans les confrontations, et la niçoise s’était imposée lors de leur dernier duel en 2021 (WTA 500 Berlin). Le miracle ne serait donc pas impossible pour Alizé qui devra se montrer parfaite dans tous les secteurs du jeu, notamment au service car elle n’avait affiché seulement 47% de premiers services lors de son premier match.