« Ça devenait ridicule » : Mannarino, futur adversaire de Sinner, a pensé à la retraite cette année

Adrian Mannarino renaît peu à peu de ses cendres. Après avoir battu le n°13 mondial Tommy Paul cette nuit, le Français s’apprête à affronter l’ogre Jannik Sinner pour une place en quarts de finale du Masters 1000 de Cincinnati. Une belle récompense pour le joueur de 37 ans, qui a avoué à nos confrères de l’Equipe avoir pensé à arrêter sa carrière ces derniers mois.

Vous sortez d’une période compliquée où il était difficile d’enchaîner les victoires. Voire de gagner un match.
L’an dernier, c’était compliqué. Dès qu’on gagne quelques matches, on a tendance à croire que tout est plus facile, on voit un peu mieux le jeu, on panique un peu moins, on accumule de la confiance. Au contraire, quand les défaites s’enchaînent, le doute s’installe, on prend les mauvaises décisions, on panique. C’est pour ça que c’est important de surfer la vague quand elle est positive. Le match contre Paul (5-7, 6-3, 6-4), il aurait pu tourner en sa faveur.

La difficulté est qu’on ne maîtrise pas forcément le moment où on passe d’une mauvaise dynamique à une bonne.
On ne maîtrise pas tout, non. Mais on peut continuer à s’entraîner dur, à bosser physiquement. C’est vrai que quand les mauvais résultats s’enchaînent, c’est un peu plus dur de se lever le matin pour s’entraîner, mais il faut s’accrocher, continuer à bosser. J’ai la chance que ce ne soit pas trop compliqué pour moi de me lever le matin pour aller à la gym et m’entraîner. Ça peut paraître con pour certains, mais j’aime ça, j’aime faire du sport. Du coup, j’ai peut-être tendance à mieux rebondir que certains qui restent au fond du trou. C’est mon mérite. Je n’ai pas que des points forts dans mon jeu, mais ça, j’arrive à le maîtriser plutôt bien. J’ai le mérite de m’accrocher.

Quand on doute et qu’on a dépassé 35 ans, pense-t-on à la fin de carrière ?
Il y a eu des moments de doute. J’ai toujours tendance à y croire, mais les résultats sont révélateurs. Cette année, j’ai perdu contre de très, très mauvais joueurs sur des Challengers. Je me disais qu’il allait bientôt falloir que j’arrête parce que ça devenait ridicule. Mais, d’un autre côté, les gens avec qui je travaille ont réussi à me motiver et à me faire croire que c’était encore possible. Et là, j’arrive à avoir un petit moment où les résultats s’enchaînent. Mais il ne faut pas s’arrêter là, il faut continuer. J’ai l’impression de mieux jouer et ça fait du bien au moral. Parce que je peux vous dire que quand on ne se sent pas bien sur le court et qu’on enchaîne les défaites, on a vite le moral dans les chaussettes.

Est-ce qu’il a fallu une aide extérieure pour garder la motivation intacte ?
Moi, j’y croyais. Mais quand tu es le seul, ça devient un peu dur. Mais quand des personnes en qui tu as confiance y croient aussi, ça aide. Des gens qui te caressent dans le sens du poil, il y en a beaucoup. Des gens qui te mitraillent dans le dos, aussi. Il faut être imperméable aux critiques et réussir à garder confiance envers les gens avec qui on travaille. Tout seul, c’est compliqué, ce n’est pas un métier facile. Mais, à plusieurs, c’est un peu plus facile. Je remercie vraiment mon coach (Erwann Tortuyaux) qui m’a poussé dans les moments durs. C’est notre victoire à tous les deux.

Quand avez-vous commencé à avoir à nouveau de bonnes sensations ?
J’ai commencé à avoir de meilleurs résultats sur gazon, mais j’avais l’impression que le niveau n’était pas bon. Je servais bien, mais derrière ce n’était pas terrible. Après Newport, je me suis vraiment bien entraîné avant d’aller à Toronto. J’ai senti que je retrouvais de bons repères et ça se concrétise plutôt bien sur le court. C’est sympa, j’ai l’impression de plutôt bien rejouer au tennis. »