A moins d’une semaine du crunch entre l’Angleterre et le XV de France, Jacques Brunel a répondu aux questions des journalistes au cours d’une conférence de presse. Le coach des Bleus est conscient de l’exploit à réaliser.
L’ancien sélectionneur du XV d’Italie ne se place pas parmi le favori mais plus en outsider face à une des meilleures équipes du rugby international. Il considère le XV de la Rose comme archi favori avant le coup d’envoi.
Pourquoi avoir conservé les mêmes 31 joueurs après la dernière victoire, contre l’Italie ?
« Pourquoi changer? Il n’y avait aucune raison car nous étions satisfaits du comportement des joueurs contre l’Italie. »
La France a fait preuve de plus de discipline face à l’Italie mais a cruellement manqué de réalisme. Quand elle s’améliore dans un secteur, elle pèche dans un nouveau. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
« Certainement au fait qu’il y avait un peu de crispation par rapport au contexte. Le groupe avait également été pas mal bouleversé, notamment derrière. Mais cela n’explique pas les gestes techniques non assurés. Ou un certain empressement, comme sur la dernière décision de jouer rapidement à la main au lieu de prendre la mêlée à 15 contre 13. Beaucoup de choses ont fait qu’il y avait un peu de nervosité. »
La défaite de l’Angleterre en Ecosse vous rassure-t-elle ou vous inquiète-t-elle?
« Ni l’un, ni l’autre pour être honnête. L’Angleterre a gagné 24 de ses 26 derniers
matches depuis l’arrivée d’Eddie Jones et va venir ultra-favorite. D’autant qu’elle va être encore plus motivée, car pour gagner le Tournoi elle doit gagner en France. »
Un sélectionneur de la France peut-il dire, avant de recevoir le rival anglais, qu’il est ultra-favori ?
« Les résultats plaident pour eux. Ils ont montré une constance dans les performances depuis deux ans qui en font des favoris logiquement. Tout le monde s’accorde à le dire. Ce n’est pas le match en Ecosse qui va changer la qualité de cette équipe, qui a acquis confiance et stabilité. Ce qui lui permet d’avoir des repères forts, ce qui nous manque. »
La victoire qu’il faut pour relancer la machine ?
Une victoire contre l’Angleterre sauverait-elle votre Tournoi des VI Nations ?
« Bien sûr. Mais l’Angleterre est juste en-dessous des All Blacks. Depuis la Coupe du monde 2015, elle a un parcours incroyable. Nous, on est à la recherche de créer ce mouvement qui permette à l’équipe de France de revenir au niveau qu’elle doit avoir. Si elle gagnait contre l’Angleterre, il est évident que ce serait une avancée significative. »
Quelles sont les clés pour battre le XV de la Rose samedi à domicile ?
« Le jeu est fait d’alternance. Notre capacité à proposer des choses différentes nous permettra peut-être de les mettre en difficulté. Il ne faudra pas jouer qu’au pied ou qu’à la main mais savoir choisir ses moments, les éprouver sur différents aspects. Si on a un jeu trop linéaire, trop facile à lire, on aura du mal, c’est clair. Il va falloir être un peu créatif mais être capable également de supporter un gros affrontement physique, c’est évident. Ils sont plus costauds que l’Irlande. »
Propos recueillis par Nicolas KIENAST