A peine évoquée, l’idée de mettre en place des contrats fédéraux pour les internationaux français est enterrée par le secteur professionnel. La Ligue nationale de rugby (LNR) ne veut pas d’une mise sous tutelle de certains internationaux, avancée par la Fédération française (FFR) comme une solution pour le XV de France après l’échec en Coupe du monde.
Pour moi, c’est un casus belli. Ces contrats sont complètement irréalistes, a déclaré Paul Goze, le président de la LNR, à l’AFP. Cette mise au point ferme intervient au lendemain de la prise de parole du président de la FFR. Pierre Camou avait affirmé être prêt à tout, pour donner des moyens au XV de France de se préparer, après l’échec de la Coupe du monde, symbolisée par la déroute essuyée face aux All Blacks en quarts de finale (62-13).
L’idée n’est pas nouvelle. Elle est même inspirée par les nations de l’hémisphère sud. Son concept repose sur le contrôle, par la fédération, du temps de jeu des meilleurs joueurs pour alimenter le XV de France. Selon Paul Goze, cette mesure est inapplicable. Soit ils s’appliquent à 4-5 joueurs et ça ne changera rien pour le XV de France, a-t-il souligné. Soit c’est à plus (de joueurs) mais à ce moment-là, expliquez-moi ce que ces joueurs feront toute la saison, ils ne joueront pas ?
La Ligue est tout à fait prête à discuter, a précisé M. Goze, refusant également la possibilité de partager le salaire des meilleurs joueurs entre les clubs et la FFR. Mais on ne peut pas mettre en péril ce qui marche le mieux dans le rugby français, a-t-il plaidé en référence au Top 14. Cela dépend de quoi on parle. Si on parle de plusieurs contrats fédéraux, c’est un casus belli. Si on parle d’évoquer les aspects financiers et sportifs de la mise à disposition prévue par la convention, on est prêt à discuter.
La dernière convention en date remonte à 2013 et court jusqu’en 2017. La FFR redistribue 23 millions d’euros sur quatre ans à la LNR pour la mise à disposition des internationaux par les clubs.
Le président de la LNR réfute l’idée que le Top 14, censé privilégier les étrangers, décupler le temps de jeu des internationaux et empêcher l’éclosion des jeunes joueurs, soit le responsable des maux du XV de France, qui n’a jamais fait mieux qu’une 4e place dans le Tournoi des six nations sous la houlette du sélectionneur Philippe Saint-André (2012-15). Remontez dans vos archives. Ca fait 20 ans qu’après chaque défaite on accuse le championnat. Ca devient plus que pénible, a-t-il tempêté. Avec de faux constats, on tire de fausses conclusions. Regardez le match Argentine – Irlande, en quarts de finale de Coupe du monde, remporté 43 à 20 par les Pumas. Vous avez vu (les Argentins) Juan Imhoff, Fernandez Lobbe, Nicolas Sanchez ? Ils ont l’air épuisés par le Top 14 ? a-t-il interrogé. Et je ne parle pas des Gallois qui galopent sans problème…
Pierre Camou : Un échec total pour le XV de France
Une cellule technique installée
La Fédération française de rugby (FFR) met en place une cellule technique pour dégager des solutions et permettre au XV de France d’être plus performant. La composition et la feuille de route de cette cellule seront définies de manière conjointe, sous quinzaine, par les présidents Pierre Camou (FFR) et Paul Goze (LNR), précise la FFR après la réunion exceptionnelle du bureau fédéral, marquée par un débat libre et contradictoire. Au-delà des divergences de points de vue, tous les participants ont réaffirmé un objectif commun fort : mettre le XV de France au centre de l’organisation du rugby français afin de favoriser sa compétitivité, souligne la fédération.