L’équipe d’Afrique du Sud, qui affrontera la France en quart de finale de la Coupe du Monde 2023 dimanche à 21h00, réserve la révélation de son ouvreur entre Handré Pollard et Manie Libbok jusqu’au dernier moment.
Ces deux joueurs aux profils radicalement différents posent un choix délicat pour les Springboks, dirigés par Rassie Erasmus, directeur du rugby, et Jacques Nienaber, le sélectionneur. Ce choix est aussi déterminant pour la stratégie de jeu des Sud-Africains lors du match au Stade de France.
Opter pour Pollard, artisan majeur de la victoire en Coupe du Monde et meilleur réalisateur de la compétition il y a quatre ans au Japon, signifierait disposer d’un buteur fiable, un atout indispensable à ce stade de la compétition, et d’un ouvreur maîtrisant parfaitement le jeu des Springboks. En revanche, la sélection de Libbok entraînerait une perte d’efficacité dans les tirs au but, mais apporterait une dose d’imprévisibilité dans le jeu courant, laissant la possibilité au trio offensif sud-africain, composé de Damian Willemse, Kurt-Lee Arendse et Cheslin Kolbe, de briller.
Divergence entre conservatisme et créativité
Selon Christophe Lamaison, ancien ouvreur du XV de France avec 37 sélections, l’Afrique du Sud, avec Pollard, opterait pour un jeu axé sur le jeu au pied, l’occupation du terrain, et la pression, utilisant des coups de pied en chandelle et des montées défensives agressives, une stratégie qui a été couronnée de succès en 2019 lors de leur titre mondial. En revanche, avec Libbok, les Springboks bénéficieraient de plus de vitesse et d’une touche de fantaisie dans leur jeu, comme ils l’ont montré dans leur match contre l’Irlande en phase de groupes, bien que cela ait conduit à une défaite 13-8 face à l’Irlande.
Malgré le style de jeu positif de Libbok, ses difficultés au tir au but, notamment contre l’Écosse et l’Irlande, ont poussé le staff sud-africain à rappeler Pollard, même s’il était initialement blessé au mollet en début de tournoi et exclu de la liste de départ.
Yannick Bru, l’entraîneur de Bordeaux-Bègles qui a passé une année au sein du staff des Sharks de Durban, reconnaît que Pollard est moins talentueux en attaque que Libbok, mais il estime qu’à ce stade de la compétition, un buteur fiable est essentiel. En affrontant la France, qu’il considère comme la meilleure équipe, il estime que les Sud-Africains devraient minimiser les risques, notamment les contre-attaques, en conservant le ballon. Cependant, l’ancien ouvreur Didier Camberabero, qui compte 36 sélections, est d’avis contraire et soutient la titularisation de Pollard. Il estime que la fiabilité du buteur est cruciale à ce stade du tournoi.
Si le débat fait rage en France, en Afrique du Sud, le choix n’est pas encore finalisé.
Une fois de plus, l’équipe dirigée par le duo Erasmus-Nienaber adopte une approche inédite. Jusqu’à présent, l’Afrique du Sud dévoilait son équipe en milieu de semaine pour les matchs du week-end, affirmant que les décisions avaient été prises en amont et qu’il n’y avait plus de secrets à garder. Cependant, pour le quart de finale contre la France dimanche au Stade de France à 21h00, Erasmus et Nienaber retarderont l’annonce de leur composition jusqu’à la date limite imposée par World Rugby, soit le vendredi. Selon Erasmus, cela leur permettra de décider si sept avants et un arrière seront sur le banc, ou s’ils opteront pour une composition avec six avants et deux arrières, incluant Handré Pollard et Manie Libbok, qui sont tous deux disponibles.