Aurélie Muller, qui a raté de peu la qualification olympique en natation eau libre (ndlr, elle a terminé 11eme alors que seules les 10 premières recevaient leurs tickets pour les JO), tente le tout pour le tout et souhaite désormais se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo en bassin, sur l’épreuve du 1.500 mètres. Venue à Nice pour reprendre les bases et revoir les points clés qui diffèrent entre l’eau libre et les bassins, Aurélie Muller voit en ce report des Jeux Olympiques une véritable opportunité.
Par Vanessa Maurel
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°17 de juillet-août-septembre 2020.
WOMEN SPORTS : Où en étais-tu dans ta préparation avant l’annonce du report ?
Aurélie Muller : J’étais prête pour les qualifications aux Jeux Olympiques qui devaient avoir lieu le 14 avril, soit un mois après le début du confinement. Nous avions d’ailleurs attaqué la phase finale de la préparation. En clair, j’étais dans les starting-blocks, tout semblait bien s’aligner et j’étais plutôt confiante.
Comment as-tu appris le report des Jeux Olympiques à 2021 ?
Comme tout le monde, dans la presse, après une semaine de confinement. Pour moi, c’était clairement la décision qu’il fallait prendre et ce pour plusieurs raisons. La première est la santé de tout le monde, la seconde concerne l’équité des athlètes. Tout au long de la première semaine de confinement, certains sportifs d’autres pays continuaient de s’entraîner et pas nous. Les jeux étaient encore maintenus à ce moment-là et un gros décalage se creusait entre les nageurs des différentes nationalités. Lorsqu’on a appris le report, ça a remis les compteurs à zéro.
Ça n’a pas remis en cause ta participation ?
Pas du tout. Au contraire. J’ai toujours le même objectif, il est juste un peu décalé. J’ai vu en ce report l’opportunité de pouvoir encore travailler, me préparer davantage à la qualification pour le 1.500 mètres. Pour certains athlètes qui avaient prévu de prendre leur retraite après les Jeux, c’était plus compliqué. Mais moi, j’avais encore de nombreux points à peaufiner donc c’est vraiment positif ! De nombreux gestes techniques diffèrent entre la natation en eau libre et en bassin, notamment la respiration (qui se fait en face en eau libre et sur les côtés en bassin), mais aussi les virages, sur lesquels j’ai encore besoin de travailler.
Comment as-tu continué de t’entraîner pendant le confinement ?
Au départ, je pensais pouvoir continuer de nager dans la mer, à Nice, mais étant donné que des personnes n’ont pas respecté le règlement, les plages et la Promenade des Anglais ont été fermées par Christian Estrosi (maire de Nice, ndlr). J’ai donc fait comme tout le monde : de la préparation physique avec ce que j’avais. La première semaine du confinement, ne sachant pas que les Jeux Olympiques étaient reportés, je faisais des séances deux fois par jour. Mais une fois que le report a été annoncé, j’ai un peu relâché. C’était du sport comme je le voulais, quand j’en avais envie, histoire de m’entretenir et m’occuper. Je suivais aussi des coachs sportifs sur Instagram qui proposaient des séances en live, c’est vraiment pas mal ! Ça motive, car lorsqu’on est seul, on a vite tendance à ne rien faire.
Crains-tu aujourd’hui des inégalités entre les athlètes qui ont pu continuer de s’entraîner et les autres ?
Les inégalités dues aux entraînements se ressentent juste après le confinement. Mais dans un an, tous les compteurs seront remis à zéro. On a plus d’un an pour se préparer et ça aussi est un point positif du report. Tous les athlètes auront la même égalité de chance de médailles. Certes on voit un petit décalage post-confinement du fait que certains pays aient repris l’entraînement plus ou moins tôt, mais ce ne sont pas des périodes de gros travail. C’est une reprise progressive. Au fur et à mesure, tout le monde va reprendre son niveau et on sera tous sur un même pied d’égalité.
Les Jeux Olympiques en 2021 n’auront pas lieu si le virus circule toujours…
Si la maladie réapparaît et que les Jeux Olympiques sont définitivement annulés, je trouverais ça complètement normal. Ce serait décevant du côté sportif puisqu’on s’y sera préparé mais je trouverais ça logique. Mais bien sûr j’espère pas. J’espère que le virus ne reviendra pas et que tout se passera au mieux. Mais au pire, le travail n’est jamais perdu.