Il a décroché la médaille de bronze chez les moins de 60 kg, samedi à Tokyo, et a ainsi apporté à la France, son pays d’adoption, la première breloque de ces JO 2020. Luka Mkheidze, natif de Géorgie, s’est exprimé en zone mixte et a notamment raconté son histoire personnelle peu banale.
Vous êtes médaillé olympique. Quel effet est-ce que cela fait ?
C’est une très belle médaille. Ca va me prendre quelques jours pour réaliser. En sortant de mon combat je n’y croyais pas. Je l’ai dit à mon entraîneur. Ma demi-finale a été très, très compliquée. On est allé en golden score, c’était très dur, je n’arrivais même plus à attraper le kimono à la fin. Mais grâce à mon entraîneur, au staff, aux autres combattants français qui sont venus m’encourager, ça m’a donné la force d’y retourner pour faire ma place de trois et prendre cette médaille de bronze. Elle m’impressionne… Je vais encore passer beaucoup de temps à la regarder, je pense. J’ai envie de l’apprendre par coeur ! »
Il s’agit de la première médaille française. Compte tenu de votre parcours, est-ce que cela représente quelque chose de particulier ?
J’ai appris ça. C’est encore plus de fierté pour moi. J’espère qu’il y en aura plein d’autres. Je vais rester pour encourager les autres et j’espère qu’ils vont faire encore mieux que moi ! La France m’a accueilli, m’a ouvert les bras. Il y a eu des difficultés, il a fallu attendre mais j’ai pu obtenir la nationalité et je suis très fier d’être là et de représenter la France.
Pouvez-vous justement raconter le parcours qui vous a mené en France ?
J’ai découvert le judo en Géorgie à la télé. Pendant les JO, je voyais combien les gens étaient fiers. Je voulais retrouver cette sensation. Ensuite j’ai traversé beaucoup de choses, j’ai quitté mon pays d’origine. On a payé quelqu’un, un passeur, pour nous amener en France quand notre demande (de statut de réfugié politique, ndlr) a été refusée en Pologne. On est arrivé à Villeneuve-Saint-Georges (Val de Marne, NDLR), où il y a une église orthodoxe. On y est allés, le prêtre nous a aidés. Aussitôt avec mon père on a cherché un club, et ça a été Bolivar, à Paris. C’est là où Teddy Riner a commencé le judo. Mais c’est un hasard, je ne savais même pas que Teddy était passé par là. Quand je suis arrivé, je ne parlais pas français. Je suis arrivé avec une lettre traduite, qui disait juste que je voulais faire du judo. Je la garde précieusement, je l’ai encore. Après on a déménagé au Havre, dans un foyer. J’ai été licencié là-bas puis je suis entré au Pôle Espoirs et à l’Insep.