Une consommation éclatée sur plusieurs écrans
Depuis quelques années, les jeunes supporters adoptent une consommation multimédia du football. Fini le temps où l’écran de télévision était leur source principale : aujourd’hui, 23 heures par mois sur YouTube, 63 % sur Instagram, 49 % sur TikTok et 35 % sur X (anciennement Twitter). Les matchs traditionnels sont désormais diffusés sur plusieurs plateformes, avec les notifications, memes et live réaction en temps réel, en parallèle au direct
Cette hyperconnexion a changé la manière de vivre le match : il ne s’agit plus seulement de regarder, mais de naviguer d’un extrait viral à un thread de fans, en passant par une interview exclusive ou un quiz interactif. Le match devient un hub culturel complet.
Les contenus qui font mouche
Les jeunes générations ne se contentent pas de highlights. Elles privilégient les formats immersifs et narratifs : mini-documentaires comme Welcome to Wrexham ou All or Nothing, coulisses exclusives, formats courts pleins d’humour ou de défi. Ces contenus racontent des histoires, créent du lien et suscitent l’adhésion.
Les clubs l’ont bien compris : la combinaison texte+image ou texte+vidéo génère le plus d’interactions sur Instagram, Facebook et X, surtout lorsque le contenu évoque le marketing émotionnel ou les initiatives sociales.
Le rôle des influenceurs
Un nouveau protagoniste s’impose : l’influenceur football. Sur TikTok, des créateurs comme John Nellis dépassent parfois le million d’abonnés, avec un style pédagogique, divertissant et accessible, adapté aux plus jeunes. Les jeunes fans interagissent plus facilement avec un influenceur qu’avec un tweet d’insider, car le contenu est personnalisé, décalé et souvent bilingue.
L’essor de ces créateurs redéfinit l’autorité : ce n’est plus seulement un journaliste ou un ex-pro qui tient la parole, mais un passionné qui parle avec les jeunes dans un langage direct.
Une fidélité différente
Cela ne signifie pas que les jeunes ne ressentent plus la passion du match. Mais leur fidélité se construit différemment. Plutôt que d’être attachés à une équipe de façon linéaire, ils sont profondément influencés par les formats, les personnalités (joueurs ou créateurs), et les contenus transversaux (culture urbaine, lifestyle, gaming). Le football devient un loisir intégré à un écosystème global.
Par ailleurs, 43 % des fans de 16–24 ans suivent des joueurs ou des influenceurs, contre 24 % chez les plus de 35 ans . Une dynamique qui favorise l’identification individuelle.
Défis pour les clubs et fédérations
Si ces nouveaux usages ouvrent des opportunités, ils exigent une stratégie adaptée. Les clubs doivent produire plus souvent, avec agilité et créativité, sans systématiquement dupliquer le contenu mais en l’adaptant à chaque plateforme .
Le vrai défi est de transformer cet engagement digital en un attachement réel : présence dans le stade, merchandising, relations durables. Autrement, les clubs risquent de ne capter que la surface de l’attention, sans créer de communauté génératrice de fidélité et de revenus.
Vers un fandom remixé
Les jeunes supporters ne consomment plus le football comme leurs aînés. Ils le « remixent », le partagent, l’intègrent à leur univers culturel. Les frontières entre supporter, spectateur et créateur se brouillent. Les chaînes traditionnelles restent pertinentes, mais aux côtés d’un écosystème en constante mouvance : social, participatif et narratif.