Selon les révélations du Spiegel, on apprend notamment que le FC Barcelone et le Real Madrid devaient recevoir la plus grosse partie du gâteau dans le projet de Super League.
On le supposait, mais pas dans de telles proportions. Au total, les deux géants espagnols pouvaient toucher 60 M€ de plus que leurs complices, mais néanmoins rivaux pour le coup ! À la cour, il n’y a qu’un seul roi. L’écart s’accroît même avec certains clubs, puisque l’Inter Milan, le Milan AC, l’Atlético Madrid et le Borussia Dortmund auraient touché moins d’argent que les Anglais ou que la Juventus Turin.
Il était donc prévu que Barcelone, le Real, City, Manchester United, Liverpool, Chelsea, Arsenal et Tottenham reçoivent 7,7% du paiement versé aux membres fondateurs, ainsi que le Bayern Munich et le Paris Saint-Germain, qui devaient être invités. L’Inter, l’AC Milan, l’Atletico et le Borussia Dortmund, qui devaient compléter la formation de 15 clubs membres, n’auraient reçu que 3,8% de ce montant. Barcelone et le Real Madrid devaient recevoir en plus 60 M€ de « compensation supplémentaire » au cours des deux premières saisons. Pas étonnant donc que le Barça et le Real soient les seuls clubs à être encore plus ou moins engagés dans le projet de SL.
Dans les grandes lignes, du contrat dévoilé par la presse allemande, on apprend également que chaque club avait le droit de diffuser en exclusivité jusqu’à quatre matches par saison sur leurs propres « plates-formes de club ». Le genre de détail capable de plomber un futur contrat avec un diffuseur.
Enfin, il était prévu une sorte de dîme à payer, 150 M€ tout de même, pour celui qui oserait se retirer de la compétition. À voir la vitesse à laquelle la bande des douze s’est disloquée, il est peu probable que cette clause soit effective.
Le Real Madrid ne renonce pas
Lors d’une intervention sur beIN Sports, le président de l’UEFA Aleksander Ceferin a peut-être fait la meilleure analyse de ces 48 heures de folies : « Le projet de la Super Ligue était complètement absurde. » Pourtant, le président du Real Madrid, Florentino Pérez, qui se présente comme le principal initiateur du projet avorté, ne renonce pas à son dessein. Il assure « réfléchir » à l’avenir de la compétition. Mis à la porte, il entend revenir par la fenêtre.
Le projet est « en stand-by », explique le président du Real à la radio espagnole Cadena Ser. « La société (de la Super Ligue) existe toujours », précise-t-il, assurant que « la Juventus et l’AC Milan ne sont pas partis… nous sommes tous ensemble, on réfléchit, on travaille. »
Sur quoi ? À quelle échéance ? Le niveau d’impréparation affichée est tel que Florentino Pérez semble s’enfermer dans son rôle de l’enfant puni et envoyé au coin, mais qui continue à bougonner. Étonnant pour un dirigeant qui semblait à l’abri jusqu’ici de l’ivresse des cimes. Une position similaire de la part d’Andrea Agnelli, héritier avant d’être capitaine d’industrie, aurait été plus compréhensible…
« On essayait simplement de sauver le football »
« Peut-être que nous n’avons pas su l’expliquer. Peut-être que j’y arriverai mieux aujourd’hui », poursuit le dirigeant espagnol. « Je n’ai jamais vu une telle agressivité de la part du président de l’UEFA et de la part de présidents des Ligues (européennes), comme celle d’Espagne. On aurait dit que c’était quelque chose d’orchestré. (…) On aurait dit qu’on voulait tuer le football. Qu’on venait de lâcher une bombe atomique. Alors qu’on essayait simplement de sauver le football. »