Le 9 mai dernier, le Tribunal arbitral du sport réduisait la suspension de Michel Platini de six à quatre ans. Attendues par Michel Platini, les motivations du Tribunal arbitral du sport de maintenir sa suspension ont été publiées ce mardi et sont accablantes pour l’ancien président de l’UEFA.
Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) confirme bien que Michel Platini a travaillé pour la FIFA entre 1998 et 2002 mais réfute l’existence d’un contrat oral entre le Français et l’instance dirigeante du football mondial à hauteur de 1 million de francs suisses par an. Aucun élément de preuve contemporain à la conclusion de l’accord oral ne démontre que M. Blatter et M. Platini auraient effectivement convenu, de manière contraignante, que la FIFA allait engager l’Appelant (Platini) en tant que conseiller technique pour un montant de 1 million de francs suisses. Il n’existe aucun échange écrit entre les parties datant de l’époque, qui se référerait à la conclusion de l’accord oral, expliquent les trois juges du TAS dans leur rapport. Ces derniers précisent que les différentes déclarations de Blatter et Platini ne sont pas des preuves contemporaines de l’accord oral et mettent en avant qu’il était évident pour les deux hommes de donner une version concordante.
Les justifications peu crédibles de Platini
Tout l’argumentaire de Platini pour justifier son contrat oral et le versement tardif de son contrat a été rejeté par le TAS, qui juge ces justifications peu crédibles. Au sujet du contrat oral, le TAS estime qu’à l’époque, Platini était un dirigeant expérimenté et qu’il aurait dû savoir qu’un contrat de l’importance de celui qu’il prétend avoir conclu devait être couché sur papier. Les juges mettent aussi en avant l’incohérence des explications de l’ancien international tricolore sur le montant de sa facture auprès de la FIFA : M. Platini a seulement réclamé 500.000 francs suisses par an, alors que, selon ses propres allégations, 700.000 francs suisses par an lui auraient été dus. Il aurait oublié le montant exact qu’il avait perçu entre 1999 et 2002. Puisque M. Platini a pris la peine de faire une facture portant sur une créance aussi ancienne, il a certainement réfléchi avec soin au montant qui demeurait impayé. Alors que Platini avait avancé la mauvaise situation financière de la FIFA pour retarder le paiement de son dû à 2010, le TAS rejette cet argument en démontrant que le paiement aurait pu avoir lieu dès 2003 ou 2007 au plus tard.
Une suspension nationale et internationale
En se basant sur les Codes de la FIFA, le TAS a donc décidé de confirmer la suspension de l’ancien numéro 10 des Bleus : L’interdiction de toute activité liée au football s’étend bien aux domaines administratifs, sportifs et autres (…) Le texte clair de l’article 22 CD (Code de Discipline de la FIFA) permet en outre d’infliger une interdiction de toute activité liée au football, ce qui signifie donc une interdiction au niveau national et international. Une telle étendue géographique se justifie en l’espèce car M. Platini a violé des obligations très importantes alors qu’il était l’un des officiels de l’organisation qui chapeaute le football au niveau international. Michel Platini ne compte pas en rester là. Il songe à se tourner vers la justice civile suisse. Son entourage estime que sa suspension l’empêche de travailler, ce qui est contraire au droit suisse.
Sébastien Crouzol