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OL : John Textor reconnaît ses erreurs et annonce son retrait progressif

John TEXTOR (Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport)

C’est une page délicate qui se tourne à l’Olympique Lyonnais. Après la descente administrative du club en Ligue 2, prononcée cette semaine par la DNCG (Direction Nationale du Contrôle de Gestion), John Textor, propriétaire et président de l’OL, a décidé de faire un pas en arrière.

Dans un entretien exclusif accordé au média brésilien TV Globo, l’homme d’affaires américain a confirmé ce que beaucoup pressentaient ces derniers jours : il se met en retrait de la gestion quotidienne du club lyonnais. Un geste qui sonne comme un mea culpa, après une année particulièrement agitée pour le club rhodanien.

Une annonce attendue dans un climat de défiance

L’annonce de John Textor intervient alors que la situation est extrêmement tendue entre la direction de l’OL et ses supporters. Depuis l’annonce de la rétrogradation du club en Ligue 2 par la DNCG — une décision d’une rare sévérité pour une institution comme Lyon —, la pression populaire s’est accentuée. De nombreux supporters réclament son départ pur et simple, considérant qu’il est le principal responsable du naufrage sportif et administratif du club.

C’est dans ce contexte brûlant que John Textor a décidé de s’exprimer publiquement. Loin d’adopter une posture défensive ou de chercher à minimiser sa responsabilité, il a choisi de faire preuve de lucidité. « Je vais passer beaucoup plus de temps à réfléchir à Eagle de manière globale, en me consacrant davantage à Botafogo », a-t-il déclaré. Une phrase lourde de sens, qui marque une volonté de délégation des responsabilités en France.

Un aveu d’échec dans la gestion française

Dans cet entretien, le président de l’OL ne s’est pas contenté d’annoncer son retrait. Il a aussi reconnu ses erreurs dans la manière dont il a dirigé le club depuis son rachat. Selon ses propres mots, il n’a pas su s’adapter aux spécificités du modèle français. « Je n’ai pas été très bon en politique en France, c’est évident », confie-t-il avec franchise. « En tant qu’investisseur américain, le processus d’adaptation au système français m’a toujours paru étrange. Et j’ai sans doute froissé certaines instances. » Un constat d’échec qui fait écho à ce que de nombreux observateurs et anciens joueurs lyonnais ont dénoncé ces derniers mois : une incompréhension manifeste des règles, des usages et des attentes du football hexagonal.

Il ne s’agit pas simplement d’une mauvaise gestion comptable ou sportive, mais d’un malentendu culturel plus profond. Textor, qui a fait fortune aux États-Unis et qui dirige également le club brésilien de Botafogo via le Eagle Football Group, semble avoir sous-estimé la complexité du système de régulation en France. Ses méthodes, jugées trop directes ou inadaptées, ont heurté la DNCG, mais aussi les supporters et certains acteurs du football français.

Une volonté de rebond, malgré la tempête

Malgré cette période extrêmement tendue, John Textor veut encore croire en un avenir meilleur pour l’Olympique Lyonnais. Il se veut rassurant quant à la situation financière du club, qu’il décrit comme solide. « Nous sommes très bien capitalisés. Nous allons investir une somme importante. Nous venons de vendre Crystal Palace. Nous n’avons aucune difficulté financière, nous n’avons jamais eu autant de liquidités », a-t-il assuré. Autrement dit, la relégation du club ne serait pas due à un manque de fonds, mais plutôt à une mauvaise gestion administrative et à une perte de confiance avec les instances françaises.

Il reconnaît néanmoins que certaines décisions prises dans le passé ont eu un impact négatif. « Au cours du processus, j’ai fait certaines choses qui ont déçu les instances dirigeantes là-bas et nous devons y remédier », a-t-il ajouté, en référence implicite aux relations tendues avec la DNCG, qui semble désormais exiger des garanties claires et une gouvernance plus stable pour envisager une réintégration en Ligue 1.

Un nouvel homme fort pour convaincre la DNCG ?

Dans l’immédiat, John Textor souhaite mettre en avant une nouvelle figure pour représenter le club auprès des autorités et des partenaires. Le nom de Michael Gerlinger revient avec insistance. Directeur du football au sein de l’Eagle Football Group, cet ancien dirigeant du Bayern Munich est pressenti pour jouer un rôle majeur dans les prochaines semaines. Il pourrait devenir l’interlocuteur privilégié de la DNCG, dans l’objectif de redorer le blason de l’OL sur le plan institutionnel.

Cette stratégie semble viser un double objectif : d’un côté, apaiser les tensions avec les instances françaises ; de l’autre, rassurer les supporters en montrant que des professionnels expérimentés prennent désormais les choses en main.

L’image de Textor sérieusement écornée

Le désamour entre John Textor et les supporters lyonnais semble profond. Depuis plusieurs mois, ses décisions sont vivement critiquées. Recrutements peu convaincants, changements de direction à répétition, promesses non tenues : tout cela a contribué à fragiliser sa position. L’annonce de la relégation en Ligue 2 a été perçue comme la goutte de trop.

Pour beaucoup, la mise en retrait de Textor est une première étape, mais pas suffisante. Certains réclament purement et simplement qu’il cède ses parts et quitte le club. D’autres estiment qu’un changement de gouvernance pourrait suffire à redonner de la crédibilité au projet.

Quel avenir pour l’Olympique Lyonnais ?

L’OL, club historique du football français, se retrouve à un tournant de son histoire. Jamais relégué sportivement depuis son retour dans l’élite en 1989, il fait aujourd’hui face à une situation inédite. L’enjeu des prochaines semaines est majeur : convaincre la DNCG de revenir sur sa décision, retrouver la stabilité financière et administrative, reconstruire une équipe compétitive… et surtout, regagner la confiance du public.

La mise en retrait de John Textor pourrait ouvrir une nouvelle phase de gestion plus professionnelle, à condition qu’elle soit accompagnée d’actes concrets. Dans tous les cas, c’est une épreuve majeure pour un club qui, il y a moins de vingt ans, régnait sans partage sur la Ligue 1.

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