Le Tribunal arbitral du Sport (TAS) donne raison à l’AC Milan dans un jugement qui fera date. Le TAS annule l’exclusion du club italien de la prochaine Europa League, mais confirme le fait que Milan a enfreint les règles du fair-play financier. Le TAS invite l’UEFA à prendre une sanction «proportionnée».
Tout est question de sémantique. Le TAS a «partiellement confirmé l’appel du Milan AC» en annulant la sanction prononcée par l’instance de contrôle financier des clubs de l’UEFA (ICFC), tout en confirmant que le club avait cependant bien enfreint les règles du fair-play financier, dans un communiqué où il demande à l’UEFA de prendre une «mesure disciplinaire proportionnée». L’exclusion des compétitions européennes étant à peu près la seule sanction capable de faire peur aux clubs, l’autorité de l’UEFA vient d’être sabordée.
En conséquence, «Milan est réintégré en Europa League pour le moment. Et le cas est renvoyé à l’UEFA pour une nouvelle décision», explique au TAS. Pour le Tribunal arbitral du Sport «des éléments importants n’avaient pas été correctement pris en compte» par l’UEFA ou «n’avaient pas pu être correctement pris en compte, en particulier le fait que la santé financière du club était maintenant meilleure, à la suite du récent changement de propriétaire du club». Pour le coup, il était difficile à l’UEFA de prendre en compte cette nouvelle situation puisque la prise de pouvoir du fonds d’investissement Elliott ne remonte qu’à la semaine dernière !
L’UEFA avait décidé fin juin d’exclure le Milan AC de la prochaine édition de l’Europa League, pour lequel il s’était qualifié sur le terrain en terminant à la 6e place de la Serie A (à deux places seulement de la lucrative Ligue des champions, ndlr). La gestion financière du prestigieux club italien avait été pointée du doigt, depuis son rachat en avril 2017 pour 740 M€ (y compris l’endettement du club, soit 220 M€ au 30 juin 2016) par un groupe d’investisseurs chinois menés par le mystérieux Li Yonghong et pour lequel Elliott a prêté plus de 300 M€. A la suite d’une traite (de 32 M€) non réglée par Li Yonghong, le fonds a activé la clause lui permettant de prendre possession du club. Curieusement, alors qu’Elliott n’a pas vocation à gérer des clubs de football, il n’a pas cherché à s’emparer des actifs de Li Yonghong dont le fortune serait issue du négoce de matières premières. Elliott avait-il pris en compte une enquête du New York Times mettant en doute la bonne foi de l’homme d’affaires ? Selon le quotidien américain, Li Yonghong ne figure sur aucune liste des grandes fortunes chinoises, et sa société est inconnue au bataillon, y compris dans le milieu minier. Selon le New York Times, Guangdong Lion, la société minière que dirige Li Yonghong, aurait par ailleurs connu quatre propriétaires différents sur une période de moins de deux ans. Parmi ces changements, deux l’ont été sans qu’aucun mouvement financier ne soit constaté et il subsiste également des ambiguïtés en raison de la présence de plusieurs personnes aux noms de famille similaires. Dans le cadre de leur enquête, les journalistes américains se sont rendus en Chine au mois d’août dernier. Sur place, surprise. Les locaux étaient fermés, tout en arborant sur la porte principale un avis d’expulsion. A l’intérieur, le désordre régnait : bureaux et chaises en pagaille, ordinateurs manquants. Ceci explique peut-être cela.