La saison 2024-2025 de la Ligue des champions restera dans les annales. Pour la première fois depuis sa création en 1955, la compétition reine de l’UEFA a profondément changé de visage.
Exit les huit groupes de quatre équipes, place à un format inédit inspiré du système suisse, adopté pour mieux répondre aux ambitions sportives, économiques et médiatiques d’un football en pleine mutation. Entre grands chocs dès l’automne, surprises françaises, et montée en intensité des phases finales, cette édition a été celle de tous les bouleversements.
Une phase de ligue au suspense permanent
Dès septembre, les 36 équipes qualifiées ont été plongées dans une seule ligue commune, dans laquelle chaque club a disputé huit rencontres contre huit adversaires différents, désignés par tirage au sort. Quatre matchs à domicile, quatre à l’extérieur : un menu plus copieux et varié que jamais, avec des confrontations de haut niveau dès le début de la compétition.
Ce format a radicalement transformé la dynamique de la première phase. Fini les groupes parfois déséquilibrés ou les matchs sans enjeu : chaque point comptait, et la bataille pour le Top 8 – synonyme de qualification directe pour les huitièmes de finale – a été acharnée jusqu’à la dernière journée.
Parmi les grands bénéficiaires : Liverpool, qui a terminé en tête du classement avec 21 points, devant le FC Barcelone et Arsenal, tous deux à 19 points. Mais c’est le LOSC Lille qui a créé la sensation : avec un parcours impressionnant ponctué d’une victoire 6-1 contre Feyenoord, les Nordistes ont fini à la 7e place, obtenant une qualification directe inattendue pour les huitièmes.
Des barrages inédits et spectaculaires
Autre nouveauté majeure du format : les équipes classées entre la 9e et la 24e place ont dû passer par une phase de barrages à élimination directe. Là encore, les confrontations ont offert leur lot de surprises et de démonstrations.
Le PSG, ayant terminé hors du Top 8 malgré un bon bilan, a retrouvé un autre club français, le Stade Brestois, surprise de la saison qui participait à sa toute première Ligue des champions. Le résultat a été sans appel : 10-0 sur l’ensemble des deux matchs, une claque pour Brest, une formalité pour Paris.
Mais le choc le plus attendu de ces barrages opposait le Real Madrid à Manchester City. Battus à l’aller, les Madrilènes ont renversé la situation au retour avec une victoire 3-1 au Santiago Bernabéu, prouvant que l’ADN européen du club restait intact.
Une phase finale relevée : le retour du très haut niveau
Les huitièmes de finale ont ensuite offert un plateau relevé. Arsenal a atomisé le PSV Eindhoven 7-1 dès le match aller, tandis que le PSG a surpris Liverpool avec un succès 1-0, dans un duel intense et tactique.
Au fil des tours, la compétition a vu se confirmer les ambitions parisiennes. Après avoir éliminé Arsenal en demi-finale (3-1 au cumul), les hommes de Luis Enrique ont validé leur billet pour la finale, prévue le 31 mai 2025 à Munich, où ils affronteront l’Inter Milan.
Ce que le nouveau format a changé
Le nouveau format a profondément modifié l’expérience de la Ligue des champions, pour les clubs comme pour les supporters :
- Plus de confrontations entre grands clubs : fini les groupes fermés, chaque journée de ligue offrait de véritables chocs entre cadors européens. Cela a intensifié l’intérêt dès la rentrée.
- Un suspense accru : la compétition a gardé un niveau d’intensité élevé jusqu’à la 8e journée, car chaque point avait un impact direct sur le classement global.
- Un tremplin pour les outsiders : Lille et Brest ont montré qu’un club bien préparé pouvait exister face à des poids lourds, même dans ce format exigeant.
- Une lisibilité plus complexe : certains observateurs et supporters ont exprimé des difficultés à comprendre immédiatement le classement ou les logiques de qualification, preuve que l’UEFA devra encore ajuster sa communication.
Une réforme aux multiples enjeux
L’UEFA, par cette réforme, visait trois objectifs : augmenter le nombre de grands matchs, diversifier les confrontations, et renforcer la valeur commerciale de sa compétition phare. Sur ces points, le pari semble réussi. Les audiences sont restées solides, les clubs ont bénéficié de droits TV en hausse, et l’intérêt des diffuseurs ne faiblit pas.
Mais cette densité de matchs supplémentaires alimente aussi les critiques sur la surcharge du calendrier. Avec huit rencontres de ligue avant Noël, puis potentiellement six matchs à élimination directe supplémentaires jusqu’à la finale, le parcours complet devient une véritable épreuve physique, en particulier pour les clubs qui disputent aussi les championnats nationaux et les coupes.