Le football made in US

Avec la future arrivée de Frank McCourt à la tête de l’Olympique de Marseille, un nouvel investisseur américain prend le contrôle d’un club de football en Europe. Les précédentes tentatives n’ont pas toutes été couronnées de succès.

Le passage de l’Olympique de Marseille sous pavillon américain est loin d’être une première. Dans les années 1990, l’agence de marketing sportif IMG-McCormack avait tâté le terrain avec le RC Strasbourg. Un échec cuisant sur tous les plans. Au milieu des années 2000, le Paris SG est racheté à son tour par une entreprise américaine : Colony Capital. Les supporters se mettent à rêver, mais Colony Capital ne vient pas pour le football. Le club est en perte de vitesse, les résultats sportifs sont en dent de scie. Le PSG évitera de justesse la relégation en 2008. L’exemple de Colony Capital est la grande crainte des supporters marseillais avec des investissements réduits au minimum et souvent erronés. L’arrivée de Qatar Sports Investment (QSI) en 2011 sera une délivrance pour les fans parisiens.

A une autre échelle, Le Havre AC se donne à un investisseur américain, Vincent Volpe, lors de l’été 2015. Mais l’industriel a des attaches en France. S’il ambitionne de retrouver la Ligue 1 avec le HAC, l’homme n’a fait aucune promesse et préfère miser sur une progression continue du club normand.

Le football permet aussi de s’enrichir

Les investisseurs perdent de l’argent avec les clubs en France mais certains Américains réussissent à réaliser des bénéfices. S’ils traversent La Manches… L’un des plus marquants est Stan Kroenke, l’actionnaire principal d’Arsenal. Propriétaire de franchises en NFL, NBA et en NHL, cet investisseur américain est là pour gagner de l’argent et non pas remporter des titres, au grand dam des supporters d’Arsenal. En l’occurrence, Arsenal est un club rentable. En grande partie à son propre stade, l’Emirates Stadium construit en 2006, où l’abonnement est le plus cher d’Europe. La famille Glazer a choisi Manchester United pour s’implanter. Le club mancunien est une pépite dont les bénéfices servent à rembourser l’emprunt contracter par les Glazers pour racheter le club. Ce qui ne l’empêche pas d’investir massivement sur le marché des transferts comme avec l’arrivée de Paul Pogba, acheté 105 millions d’euros à la Juventus Turin cet été. Nouveau record du genre. John W. Henry cherche à faire la même chose avec Liverpool. Mais Anfield Road n’est pas encore une cash-machine comme l’est Old Trafford pour Manchester United. Les Reds ont du mal à se stabiliser sportivement et à suivre le rythme infernal imposé par les deux clubs de Manchester. Avec l’exploitation des stades, tous profitent de l’explosion des droits télé en Angleterre et des 2 milliards d’euros par an déversés sur l’ensemble des clubs.

L’AS Roma est devenu le premier club italien à être détenu majoritairement par un investisseur étranger après le rachat du club par l’Américain Thomas Di Benedetto. L’entrepreneur a rapidement investi dans des jeunes joueurs à fort potentiel (Lamela, Pjanic, Marquinhos) pour les revendre ensuite plus cher. Mais le projet de stade 100% privé poursuivi par le club romain peine à se concrétiser. La Roma joue le haut du classement, mais la Juventus Turin lui barre la route. Le club de la capitale italienne n’a pas encore réussi à résoudre l’équation entre rentabilité économique et logique sportif. Frank McCourt saura-t-il le faire avec l’OM ?