Piètres négociateurs agissant au mépris, bien souvent de l’ensemble des règles économiques, juridiques et comptables en vigueur. Voilà comment les magistrats en charge de l’affaire des comptes de l’Olympique de Marseille décrivent les dirigeants olympiens de juin 2009 à juin 2011. Le Canard Enchaîné dévoile des cas édifiants qui ont conduit à la disparition de près de 65 millions d’euros des caisses de l’OM.
Le Canard Enchaîné détaille, par quelques exemples, comment ce trésor s’est évaporé dans les mains des joueurs et des agents entre 2009 et 2011. L’hebdomadaire revient notamment sur le contrat de Lucho Gonzalez. Son transfert, le plus cher de l’histoire du club, à l’été 2009, avait étonné. Avec une clause libératoire de 15 millions d’euros au FC Porto, le milieu argentin signe à l’OM pour 24 millions (18 millions plus 6 millions de bonus)… Le contenu de son contrat dévoilé le Canard Enchaîné est édifiant. L’agent du joueur, Christian Casini a perçu 1.642.800 euros alors qu’il n’a pas participé aux négociations. Mieux, ou pire, Marcelo Trapasso, le vrai négociateur selon l’hebdomadaire, a été rétribué chaque mois par Lucho à hauteur de 997.500 euros ! Pour aider le milieu de terrain à régler ses frais, une prime spéciale de 175.000 euros avait été négociée. Celle-ci tombait tous les neuf matches de championnat disputés. Titulaire indiscutable du onze de Didier Deschamps, l’Argentin aurait perçu au total 1.225.000 euros selon les magistrats. Son retour à Porto début 2012 gratuitement alors qu’il est toujours sous contrat passerait presque inaperçu…
Si Lucho jouait, ce n’était pas le cas de Cyril Rool ou beaucoup moins. Plus désiré à la fin de la saison 2009/2010, le joueur ne vient plus aux entraînements et est sous la menace d’un licenciement pour faute lourde. l’intervention de Jean-Luc Baresi lui permet au contraire d’empocher une prime de 1.296.400 euros pour faire ses valises.
Au total, 18 opérations (transferts entrants, sortants et autres prolongations concernant Lucho Gonzalez, M’Bia, Diawara, Abriel, Niang, Azpilicueta, Rool, Morientes, Niang, Kaboré, Rémy, Gignac, Cheyrou, Ben Arfa, Heinze, Amalfitano, Morel, Hilton) sont dans le viseur de la justice. Le Palmipède avait déjà dévoilé un extrait d’un procès-verbal établi par le juge Guillaume Cotelle et ses enquêteurs le 1er octobre 2015 : « Les sommes considérables circulant dans le football professionnel ne peuvent échapper à l’appétit insatiable du milieu. Des circuits financiers élaborés permettent vraisemblablement aux bénéficiaires de blanchir des sommes issues d’extorsion, d’exercice illégal de la profession d’agent, et sans doute d’autres infractions financières ». Rien que ça…