Le conseil des prud’hommes de Paris a décidé de condamner la Fédération française de football (FFF) à verser 10.000 € de dommages et intérêts dans une affaire l’opposant à une ancienne salariée qui accusait un cadre de harcèlement sexuel. Les juges professionnels ont également condamné la FFF pour « manquements à des obligations de sécurité ».
La victime, une ancienne salariée de la Fédération, embauchée en CDD jusqu’en novembre 2018, avait déposé plainte il y a trois ans auprès du parquet de Paris contre son supérieur hiérarchique, Marc Varin, directeur financier de la FFF, pour des faits d’agression sexuelle et harcèlement sexuel. La demanderesse accusait notamment son supérieur d’avoir tenté de lui arracher un baiser à deux reprises, fin 2017 et durant la Coupe du monde 2018, faisant également état de « regards insistants », de « remarques quotidiennes » et « d’observations absolument déplacées ». Affaire classée sans suite malgré les conclusions de l’inspection du travail, défavorables à Marc Varin, l’ancienne employée s’est tournée vers les prud’hommes, qui ont bel et bien estimé qu’elle avait subi des faits de harcèlement sexuel.
L’avocate de la plaignante, Me Marie-Alix Canu-Bernard, s’est satisfaite que le conseil des prud’hommes ait « mis les mots sur les comportements reprochés en les qualifiant de harcèlement sexuel, contrairement au parquet de Paris qui avait étonnamment classé l’affaire sans suite » en juillet 2019 sur le volet pénal. La décision « ne permet pas de comprendre pourquoi la FFF a pris à ce point le parti de son directeur, mais ma cliente est satisfaite que ce pan du dossier soit terminé après plusieurs années de procédure », a-t-elle ajouté.
Dans une déclaration transmise à l’AFP, l’avocat de la FFF, Me Florent Dousset, a précisé que la Fédération « n’acceptera pas cette décision et fera appel ». « Ce jugement apparaît en totale contradiction avec l’appréciation des faits qu’en a fait le Procureur de la République qui a classé sans suite une plainte pénale portant sur les mêmes faits, avec les mêmes éléments », a-t-il ajouté, soulignant que « les autres demandes, notamment de préjudice moral », avaient été rejetées par le conseil des prud’hommes.