« Petit » pays de 4,5 millions d’habitants, la Croatie rêvait de remporter sa première Coupe du monde en dominant la France en finale à Moscou. Le plus grand du succès de l’histoire du sport croate aurait reposé sur une équipe type indéboulonnable, du talent à revendre au milieu de terrain, de l’expérience aussi et le sentiment d’être guidé par tout un pays.
Les coéquipiers de Luka Modric n’ont pas réalisé l’exploit. La Croatie n’était pas programmée pour remporter une Coupe du monde. Son football avance dans l’improvisation permanente. Pas de plan, pas d’infrastructures dignes de ce nom, pas de réelle politique de formation et une instabilité chronique. Le sélectionneur Dalic, par exemple, a été nommé sélectionneur 48 heures avant le match décisif pour la qualification au Mondial 2018 contre l’Ukraine ! On l’a presque oublié, mais la Croatie joue à 22 et non à 23 depuis le début du Mondial. Pour avoir refusé d’entrer en jeu lors du premier match, l’attaquant Nikola Kalinic a été chassé de la sélection tout simplement.
Cette improvisation fait aussi la force du football croate. L’image a marqué l’après match de la demi-finale contre l’Angleterre. Les Croates étaient en famille sur le terrain pour fêter la qualification, les enfants prenant le relais avec le ballon. La force de cette équipe, c’est son esprit de groupe, son caractère, sa solidarité, tout ce qui lui a permis de surmonter la fatigue des matches à rallonges disputés depuis le début des phases finales. Poussés aux tirs au but en 8e et quart de finale, aux prolongations en demie, les Croates ont joué un match entier de plus que les Français lors des 12 derniers jours.
Une sélection expérimentée
Dans le jeu, la Croatie s’appuie sur un axe fort dans le système en 4-2-3-1 : le gardien de Monaco Danijel Subasic, déterminant lors des tirs au but contre le Danemark et la Russie, une charnière centrale Diva-Lovren solide, un milieu trois étoiles avec le duo Luka Modric (Real Madrid)-Ivan Rakitic (Barcelone), et un avant-centre qui pèse, Mario Mandzukic (Juventus Turin). Dans cette Coupe du monde, il faut ajouter Ivan Perisic, désormais deuxième meilleur buteur de la Croatie à ce niveau (4 buts) derrière Davor Suker (6 en 1998), aujourd’hui président de la fédération croate. Le manque de profondeur de banc de touche, qui a empêché Dalic d’opérer une véritable rotation en phase éliminatoire, a été compensée par l’expérience des joueurs. Modric et Rakitic ont gagné la Ligue des champions – Dejan Lovren en a disputé la finale cette année avec Liverpool – Sime Vrsaljko (Atletico) la Ligue Europa avec Antoine Griezmann et Lucas Hernandez, Perisic a été sacré champion d’Allemagne et Subasic de France. Parmi les 11 titulaires figurent cinq trentenaires chez les Croates.
Son carburant, la sélection croate le puisse dans le soutien indéfectible de ses supporters. Ils étaient en « mission » en Russie. Menés en 8e de finale (Suède), quart (Russie) et demie (Angleterre), les Croates ont tout renversé pour être les premiers de l’histoire de leur jeune pays (devenu indépendant en 1991) à atteindre la finale. La première étoile sera pour plus tard…