Capitaine discret sur le terrain en équipe de France, Hugo Lloris ne s’occupe pas vraiment de l’image qu’il renvoie et assume la langue de bois qu’il emploie devant les médias.
Ses conférences de presse sont presque des calvaires pour les journalistes. Avoir Hugo Lloris face à soit avant un match de l’équipe de France, c’est la promesse assurée d’un discours aseptisé, sans grand chose à ressortir. Nouvel exemple jeudi, quand le gardien de but a été interrogé sur la concurrence avec Steve Mandanda, quelque peu lassé de son statut de numéro 2 chez les Bleus : La relation est très bonne depuis le début. (…) La hiérarchie a été établie par la sélectionneur, a assuré Lloris, prenant comme à son habitude son temps pour peser ses mots et éviter tout dérapage.
Pour espérer des déclarations fracassantes, il ne faut pas compter sur le portier de Tottenham. Une attitude qu’il assume.Après un match, quand il faut dire les choses, je ne suis pas réticent, au contraire. Mais avant… Un tennisman peut dire : voilà comment je me suis préparé, voilà ce que je vais essayer de faire demain. Mais moi, quand je parle, c’est au nom de l’équipe, cela n’engage pas que moi. Alors, oui, je suis prudent, explique Lloris, dans un large entretien accordé à l’Equipe. Je ne veux pas que dans la préparation du match une phrase mal tournée parasite ce moment important. Déjà, je n’aime pas parler de moi, alors, au nom des autres… Et puis, je ne vais pas promettre n’importe quoi, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Capitaine, je reste garant du collectif, et mon rôle est de protéger l’équipe, surtout la veille d’un match. Je ne supporterais pas que quelqu’un, à ma place, dise quelque chose qui puisse nous déstabiliser. Après le match, encore une fois, c’est très différent.
Dans le top 5 des capitaines en Bleu
Son rôle de capitaine, il l’assume d’une façon plus discrète, sans faire de bruit. Il a ainsi refusé d’aller enfoncer Samir Nasri devant Didier Deschamps entre les deux matches de barrages contre l’Ukraine l’année dernière, malgré les demandes de certains de ses coéquipiers. Sans pour autant se gêner au moment de dire ses quatre vérités au joueur de Manchester City quand celui-ci a été écarté par la suite. Alors qu’importe s’il renvoie l’image d’un capitaine effacé aux yeux du grand public. Je ne m’en préoccupe pas trop, explique Lloris. C’est la performance qui compte : je préfère qu’on écrive que je ne dis rien plutôt que je ne suis pas performant. À ma place, certains chercheraient peut-être à séduire, à être drôle, mais ce n’est pas moi, pas à ce moment-là. Je ne veux pas introduire d’élément parasite, ni pour un coéquipier, ni pour le sélectionneur, ni pour moi-même.
Il assure pourtant être capable d’un discours plus guerrier, comme entre ces deux fameux matches contre l’Ukraine. Quant au débat sur le capitanat, assuré avec succès par Raphaël Varane durant son absence en octobre, Lloris préfère botter en touche, comme il le fait si bien : C’est un sujet éternel, et je sais qu’on aime bien le changement. D’un côté, ce n’est pas si important, moins que les performances, et un gardien de but a toujours des responsabilités particulières. D’un autre côté, oui, de grands joueurs ont porté ce brassard, et cela reste un truc assez fort. Quand on est dedans, on n’y pense pas. J’y penserai sûrement quand tout sera fini. Pour l’instant, j’en profite au maximum. Face à l’Albanie ce vendredi, le gardien de but sera capitaine des Bleus pour la 41e fois de sa carrière. Il se rapproche un peu plus de la 4e place de ce classement en sélection, détenue par Roger Marche (42 fois capitaine). A 27 ans, il a encore le temps pour dépasser un certain Didier Deschamps, recordman en la matière avec 59 capitanats.