Thierry Henry n’a jamais bénéficié de l’aura qu’il méritait en France, lui qui est adulé en Angleterre. Les raisons de ce désamour sont nombreuses mais semblent s’estomper avec le temps pour celui qui reste l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football tricolore.
Les gens n’aiment pas Thierry Henry. En Angleterre, il a une statue. Cela veut dire beaucoup de choses. Il est adulé là-bas, ça vous dérange ? Alors, regardez ailleurs ! Emmanuel Petit s’était lâché il y a peu dans une interview qui a beaucoup fait parler, accordée à nos confrères de Sports.fr. Le champion du monde 98 était à la base interrogé sur la possible retraite de Thierry Henry, son ex-coéquipier à Arsenal et en équipe de France, et s’était laissé aller à une sortie médiatique maladroite. Mais sur le fond, difficile de lui donner tort : Thierry Henry et les Français, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour.
Certains diront que c’est la faute des médias, qui ne lui ont jamais offert la reconnaissance qu’il méritait. Ce n’est pas un garçon qui court les médias pour avoir une bonne image. Il n’aime pas particulièrement ça. Ça a pu jouer contre lui aussi, reconnaît ainsi Eric Di Méco, qui l’a côtoyé à Monaco, sur RMC. Son côté considéré par certains comme hautain, le fait qu’il ait brillé plus en Angleterre qu’en France ou qu’il soit contemporain de Zinedine Zidane, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, n’ont pas aidé le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal et des Bleus à conquérir l’opinion publique.
La main du diable
Un épisode illustre parfaitement l’histoire compliquée entre le public tricolore et Henry : celui de sa fameuse main en barrages retour de la Coupe du monde 2010 face à l’Irlande. Un geste qui lui a permis de servir ensuite William Gallas pour le but de la qualification et qui lui a causé des critiques venant de tous les côtés. Lorsqu’on compare la tempête qu’il a endurée et le quasi pardon dont le coup de tête de Zidane a fait l’objet, on a un peu de mal à comprendre, analyse à juste titre Raymond Domenech dans son dernier livre, Dico passionné du foot.
L’ancien sélectionneur des Bleus a participé à entretenir ce désamour en cédant à la requête du joueur pour l’emmener à la Coupe du monde 2010 malgré une saison ratée au Barça. La compétition de trop pour Henry, remplaçant, sans aucune influence sur le terrain ou dans un groupe qui restera dans les mémoires comme celui qui s’est mis en grève à Knysna. Un mouvement que Henry, joueur le plus expérimenté, n’a pas réussi à empêcher, s’asseyant comme les autres dans le bus avant de prendre sa retraite internationale quelques semaines plus tard, après un rendez-vous improbable avec le président Nicolas Sarkozy pour évoquer cette débande sud-africaine.
Un hommage et on oublie tout ?
S’en est suivi un nouvel exil loin des yeux, loin du coeur, aux Etats-Unis, un autre pays qui a appris à l’apprécier, entrecoupé d’une pige à Arsenal, dont il aura marqué un peu plus l’histoire à l’hiver 2012. C’est donc logiquement que le meilleur buteur étranger de l’histoire de la Premier League a choisi de retourner en Angleterre pour son après-carrière en devenant consultant pour Sky Sports. Un pays où il est respecté, où l’histoire de sa main contre l’Irlande ne lui est pas rabâchée, où son talent est unanimement reconnu.
Le public français aura l’occasion de se faire pardonner de ne pas lui avoir offert l’amour qu’il méritait, à l’image d’un Platini ou d’un Zidane, lors de l’hommage que la FFF devrait lui rendre en marge d’un match de l’équipe de France. Ce serait contre le Brésil, le 26 mars prochain, peut-être, car les détails n’ont pas encore filtré alors que l’idée d’un dernier match sous le maillot tricolore a rapidement été balayée. Un hommage qui devra permettre la réhabilitation totale de l’un des plus grands attaquants français de l’histoire.
F.S