C’est peut-être le tournant de la saison européenne de l’Olympique Lyonnais qui se déplace ce soir à Istanbul pour y affronter le Besiktas. Vainqueur au match aller (2-1), les hommes de Bruno Genesio devront sortir un grand match pour continuer dans cette compétition qui devient l’objectif de la fin de saison. Face à eux, 42 000 spectateurs chauffés à blanc pour pousser le groupe vers un exploit face à des Lyonnais favoris.
Une fournaise que Lyon va devoir éteindre très rapidement ! Ce soir, le Vodafone Arena affichera complet, c’est à dire 42 000 personnes pour une rencontre exceptionnelle sur les bords du Bosphore. Lyon va devoir réaliser un grand match avec une ferveur énorme, les chants du groupe d’ultras turcs, Çarsi, devraient se faire entendre jusqu’à la rive asiatique d’Istanbul. En Europe cette ambiance est presque unique, l’Olympique Lyonnais arrive surtout dans un pays qui est en pleine turbulence politique depuis le référendum de dimanche dernier.
Çarsi, c’est l’âme du club, un groupe qui traverse les tempêtes, les répressions et qui ce soir veut pousser son groupe en demi-finale de la Ligue Europa. Même s’ils ont déclaré dans la presse cette semaine : les Lyonnais n’ont rien à craindre, cette parole sera-t-elle respectée ce soir au coup d’envoi ? C’est la grande question qui inquiète les membres de la délégation des Gones. Ce groupe rassemble les fans anarchistes du Besiktas, ils sont donc opposés à tous. Ils sont contre la violence, le racisme et se présentent comme écolos. En Europe, ils diffusent une pensée dans le monde des Ultras, ce sont les maîtres. Eux ne veulent pas que le scénario de la semaine dernière se répète lors de cette soirée européenne. Pourtant, hier dans la nuit, ils étaient à quelques mètres de l’hôtel de Lyon pour empêcher les joueurs de dormir, avec des jets de pétards. Une communication presque parfaite en apparence dans les médias, mais qui cache une envie de détruire l’adversaire. Ces fervents supporters sont réputés parmi les plus chauds du monde, pour une affiche exceptionnelle, les moyens pour mettre l’ambiance seront importants.
Dans ce pays qui connaît actuellement une très grande instabilité politique, c’est ce groupe d’ultras, qui va au front dans les manifestations, pour lutter contre Recep Erdoğan, président de la Turquie. Depuis le référendum de dimanche, ce dernier possède les pleins pouvoirs dans le pays. C’est la particularité de ce club de Besiktas, réputé de gauche, il est donc opposé au fondateur du Parti de la justice et du développement, Erdoğan, réputé de droite. Un bras de fer qui passionne le pays.
C’est donc un stade entier, un volcan en éruption, qui espère la qualification de son équipe ce soir, pour enfin voir les demi-finales, une première dans l’histoire de ce club turc.
NICOLAS PELLETIER