Dans le monde du sport et notamment du football, les personnes de confession musulmane jeûnent depuis plus de deux semaines maintenant. Chaque année, les mêmes questions reviennent. Comment s’organisent clubs et sélections ? Quel est l’avis d’un médecin du sport ? Sport.fr a mené sa petite enquête.
Les images ont fait le tour du monde ! Il y a quelques jours, l’arbitre du match entre Southampton et Leicester a interrompu la partie quelques secondes pour permettre à Wesley Fofana de rompre son jeûne. Une belle preuve de solidarité dans une période où tout le monde se divise.
Comment s’organise un club ou une sélection durant ce mois ?
Fousseni Diawara, consultant pour Canal + Afrique et sélectionneur adjoint de la sélection du Mali explique que « ce sont des cas individuels dans le sens où chaque joueur est libre de pratiquer ou pas une religion. Quoiqu’il arrive, ça relève du domaine privé. » Avant d’ajouter « en sélection du Mali, le cas nous est déjà arrivé en pleine compétition, nous on laisse le choix aux joueurs, on adapte les séances pour permettre à tout le monde d’être dans les meilleures conditions. » Interrogé sur une possible baisse physique et des performances, il répond que « jeûner ne change absolument rien pour les joueurs, qui ont l’habitude de cette situation et sont prêts mentalement. Après c’est sur que si on cherche, on va toujours trouver des points négatifs. »
« Le jeûne est contre productif pour le muscle (…) Il peut conduire à des blessures et des accidents de type hypoglycémie »
Le docteur Patrick Bacquaert, médecin chef de l’IRBMS ( Centre de ressources en Médecine du Sport et Sport Santé) explique que le jeûne n’est pas forcément la meilleure solution pour le corps et la santé d’un sportif : « Le jeûne est contre productif pour le muscle donc pour la pratique sportive. Il peut conduire à des blessures et des accidents de type hypoglycémie. » Le docteur, qui a réalisé une étude sur les conséquences du Ramadan sur le corps d’un sportif préconise de faire extrêmement attention la première semaine et demande aux sportifs d’être « à l’écoute de son corps et ainsi mieux gérer l’effort, afin d’éviter les blessures liées à la déshydratation. » Spécialiste du sujet, il donne également un conseil aux joueurs, en leur demandant, « de ne pas mettre sa santé en jeu et donc appliquer le Coran qui précise les exceptions du Ramadan, si cela est impossible, il faut au moins apporter une solution hydrique sucrée. »
Effectivement les joueurs peuvent rattraper les jours manqués mais cela doit être un choix et non une obligation car la pratique d’une religion relève du domaine privé.
Enquête réalisée par Aris Djennadi
Remerciements :
Canal+ International
Fousseni Diawara
Docteur Patrick Bacquaert