Dembélé, Hakimi… Le vrai défi du PSG avec les blessures

Interrogé par nos confrères de RMC Sport, Pier Gauthier a donné son avis sur l’aspect psychologique des blessures au PSG.

Confronté à une avalanche de blessures, le Paris Saint-Germain devra bientôt réintégrer plusieurs cadres, dont Ousmane Dembélé, Désiré Doué ou Achraf Hakimi. Mais au-delà de l’enjeu physique, le véritable défi réside dans la dimension mentale d’un retour à la compétition. Ancien tennisman devenu coach mental, Pier Gauthier rappelle que « le corps reçoit le feu vert médical, mais l’esprit, lui, accuse encore le choc ». Mémoire de la douleur, frustration, peur de freiner l’équipe : autant d’éléments qui ralentissent la reprise et génèrent un temps de retard dans les appuis, les accélérations ou les duels. Dans un contexte comme Paris, où chaque geste est scruté et chaque erreur commentée, cette pression supplémentaire peut amplifier les doutes.

Trois pièges psychologiques à éviter

Selon Gauthier, trois peurs dominent chez les joueurs revenant de blessure : celle de ne plus être au niveau, celle de décevoir en en faisant trop, et celle de rechuter, particulièrement forte chez les joueurs explosifs. La clé est de « transformer la peur en vigilance utile ». Un joueur qui accepte ses émotions, au lieu de les subir, évite les précipitations dangereuses et revient finalement plus rapidement. Le coach mental insiste : un retour réussi exige de la clarté mentale. Confiance et rythme se reconstruisent grâce à des « micro-preuves » : un duel gagné, un changement de direction sans douleur, une accélération fluide.

Retrouver son meilleur niveau implique aussi d’accepter de rater, de répéter les gestes difficiles et de corriger sans frustration. « Oser, rater, réessayer » : c’est ce cycle rigoureux qui ramène le joueur à son niveau d’avant-blessure. Gauthier se souvient d’un tennisman revenu d’entorse en 2001 : deux mois après un retour raté à l’US Open, il remportait Paris-Bercy, preuve que la progression mentale peut être rapide quand elle est structurée.

Un enjeu décisif pour la suite de la saison

Les pensées parasites – ressasser la blessure, anticiper le jugement du public, craindre les rechutes – perturbent l’accès à une concentration optimale. Pour la restaurer, deux axes sont prioritaires : travailler sur ces pensées parasites et se recentrer sur des intentions simples et immédiates. L’environnement joue aussi un rôle essentiel : un cadre clair du staff, des messages de soutien du vestiaire, une parole juste d’un leader peuvent « effacer une semaine de doute ».

Le PSG retrouvera bientôt des joueurs essentiels. Mais leur impact dépendra autant de leur condition physique que de leur capacité à réorganiser leur mental, sécuriser leurs émotions et réapprendre la précision. Comme le résume Gauthier, « un retour de blessure réussi est le fruit d’un staff qui accompagne intelligemment… et d’un joueur qui structure son esprit ». Le compte à rebours des matchs décisifs est lancé pour Luis Enrique : Paris devra soigner les corps, mais aussi – peut-être surtout – les têtes.