La Ligue 1 traverse une crise financière sans précédent, mettant en péril la stabilité de nombreux clubs. Les pertes cumulées pour la saison 2023-2024 s’élèvent à environ 250 millions d’euros, malgré des ventes de joueurs atteignant 830 millions d’euros. Pour la saison 2024-2025, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) anticipe des pertes pouvant aller jusqu’à 1,2 milliard d’euros. Ce constat alarmant souligne l’urgence de repenser en profondeur le modèle économique du football professionnel français.
Des clubs au bord du gouffre
Olympique Lyonnais
Le club rhodanien a été provisoirement relégué en Ligue 2 par la DNCG en novembre 2024, en raison d’un endettement supérieur à 500 millions d’euros. Une interdiction de recrutement lui a été imposée. Malgré plusieurs ventes de joueurs dès le mercato hivernal, l’OL doit encore générer près de 100 millions d’euros pour espérer éviter des sanctions sportives définitives.
Montpellier, Le Havre et Angers
Ces clubs, qui dépendent fortement des droits télévisés, sont particulièrement fragilisés par la baisse des revenus audiovisuels. La fin du contrat Mediapro et les incertitudes liées à DAZN ont plongé leurs finances dans une situation critique. À court terme, leur maintien dans le football professionnel est sérieusement menacé.
Girondins de Bordeaux
Le club a été relégué administrativement en National 2 à l’été 2024, en raison d’un passif financier supérieur à 90 millions d’euros. Bordeaux a depuis perdu son statut professionnel et a fermé son centre de formation, symbole d’un effondrement brutal pour une institution centenaire.
Les causes profondes de la crise
1. Une dépendance aux droits TV devenue létale
Depuis l’échec du contrat avec Mediapro en 2021 et les difficultés persistantes avec DAZN, les clubs de Ligue 1 peinent à sécuriser des revenus télévisuels fiables. La DNCG a interdit aux clubs d’intégrer ces recettes dans leurs budgets prévisionnels pour la saison 2025-2026, augmentant encore l’incertitude.
2. Une masse salariale hors de contrôle
Les clubs français consacrent en moyenne 67 % de leurs revenus à la masse salariale, contre une moyenne européenne autour de 53 %. Cette inflation des salaires, non compensée par des recettes stables, asphyxie les finances des clubs.
3. Un modèle économique à bout de souffle
Le président de la DNCG, Jean-Marc Mickeler, a reconnu publiquement que « le modèle économique tel qu’il existait est mort ». Ce modèle basé sur la revente de joueurs, les droits TV et des mécènes individuels montre ses limites structurelles.
Des mesures d’urgence envisagées
Face à ce tableau sombre, plusieurs pistes sont envisagées pour redresser la situation :
- Renforcement des contrôles financiers
La DNCG pourrait imposer des sanctions en cours de saison (retraits de points, plafonnements de budget) en cas de dérapage ou de non-respect des engagements financiers pris par les clubs. - Réduction des dépenses structurelles
Les clubs sont incités à revoir leur fonctionnement interne : réduction de la masse salariale, limitation des recrutements dispendieux, recentrage sur la formation et les jeunes talents. - Diversification des sources de revenus
Le développement du merchandising, de partenariats locaux, d’activités extra-sportives ou encore l’exploitation intelligente de leurs infrastructures sont autant de leviers explorés pour réduire la dépendance aux revenus audiovisuels.
Une alerte pour l’avenir du football français
Le football professionnel français se trouve à la croisée des chemins. Sans transformation profonde et rapide, il risque de sombrer dans une crise durable, synonyme de perte de compétitivité en Europe et de dégradation de la qualité du spectacle sportif.
Cette crise est une alerte. Elle impose aux dirigeants de clubs, aux instances et aux partenaires économiques de reconsidérer les fondements du modèle en vigueur et d’imaginer une Ligue 1 économiquement responsable, viable et attractive.